Le chef de la délégation cubaine en Algérie nous a affirmé, il y a quelques jours, qu'en l'espace de huit mois, pas moins de 1 900 opérations chirurgicales ont été effectuées, dont 140 aux rayons laser, par les quinze spécialistes exerçant dans cet hôpital devenu, depuis son ouverture en avril 2008, la principale destination de centaines de malades affluant de toutes les wilayas du pays. Accueillie avec beaucoup de satisfaction par la population locale et celles des wilayas environnantes, la clinique ophtalmologique de l'amitié algéro-cubaine aura en fin de parcours déçu plus d'un par la cherté des tarifs appliqués. Des dizaines de patients qui y fondaient tant d'espoirs ont dû se rendre à l'évidence que Dame Clinique cubaine n'était pas facile à courtiser et qu'il fallait débourser gros pour avoir accès à ses faveurs. Nous avons tenté à plusieurs reprises d'en savoir un peu plus sur le fonctionnement de la clinique et la facturation des différentes prestations et chaque fois nous avons été reconduits avec beaucoup de finesse et de diplomatie. Il n'en fallait pas davantage pour comprendre qu'il y avait anguille sous roche. D'aucuns vous diront que la moindre petite procédure administrative, aussi simple soit-elle, est payée rubis sur l'ongle. À titre d'exemple, un patient doit verser de 1 000 à 2 000 DA au minimum, en fonction de l'âge, et quel que soit le type d'examen qu'il doit subir. Bien entendu, ce prix peut atteindre le seuil des 10 000 dinars dans certains cas qui nécessitent des explorations plus approfondies. Alors qu'une opération chirurgicale comme la cataracte coûterait pas moins de 32 700 DA, selon les informations soutirées à quelques patients. Ce qui inspirera à un malheureux patient cette boutade combien significative : “Un hôpital socialiste qui fonctionne avec des méthodes capitalistes.” Abondant dans le même sens, une personnalité bien connue de la ville de Djelfa, dira : “J'ai été arnaquée par les Cubains. J'ai perdu près de 20 000 DA pour des examens préliminaires inutiles concernant un glaucome doublé d'une cataracte compliquée.” Aux dernières nouvelles, notre interlocuteur serait parti en Tunisie où il aurait subi une opération réussie de pose d'un implant intra-oculaire. De plus, si la cherté des prestations peut s'expliquer par l'appartenance dudit hôpital à l'Eurl Servicios Médicos Cubanos (Services médicaux cubains) et par la technologie de pointe utilisée, ce qui l'est moins, c'est le mode de travail à la chaîne qui rappelle bizarrement la fameuse méthode Taylor utilisée jadis dans les usines américaines et qui se fixait des objectifs de rendement maximum. Mais ici, nous sommes dans un contexte purement médical où la relation humaine doit primer sur l'esprit mercantile et l'amour du gain. De plus, selon certaines indiscrétions, le choix du mode d'hospitalisation clinique, au lieu du mode ambulatoire permettant au malade de retourner chez lui après l'intervention, se justifie quelquefois par une volonté tacite de faire bénéficier l'hôpital de rentrées d'argent supplémentaires. Enfin, un autre aspect et pas des moindres, l'absence d'une convention avec la Sécurité sociale est difficilement vécue par les patients qui se voient, de ce fait, arbitrairement privés de la chance de se faire rembourser ne serait-ce qu'en partie par l'assurance. Cependant, il faut l'avouer, devant l'impérieuse nécessité de se faire soigner où de soigner des enfants ou des parents, beaucoup cèdent même s'ils savent que cela leur coûtera les yeux de la tête. En effet, Anne-Marie Souto, chef de la délégation cubaine en Algérie, confiait il y a quelques jours qu'en l'espace de huit mois, pas moins de 1 900 opérations chirurgicales ont été effectuées, dont 140 aux rayons laser, par les quinze spécialistes exerçant dans cet hôpital devenu depuis son ouverture en avril 2008 la principale destination de centaines de malades affluant de toutes les wilayas du pays. S. OUAHMED