Cent six familles officiellement recensées par l'EGPFC continuent de loger parmi les morts, violant ainsi les lieux sacrés. À l'origine, ce sont des ouvriers de la wilaya et de l'Etablissement de gestion des pompes funèbres (EGPFC) qui sont venus pour la plupart des wilayas de l'intérieur s'installer sur le périmètre limitrophe au cimetière. Les autorités de l'époque, ayant pris conscience du problème que cela allait engendrer, ont attribué des lots de terrain à bâtir pour la première catégorie et des chalets pour la seconde. Contre toute attente, non seulement ces ouvriers n'ont pas quitté les lieux mais, en plus, profitant de la conjoncture caractérisée par la décennie sanglante, ont ramené leur famille pour carrément occuper une partie du cimetière en y construisant des mansardes. Et si le chiffre donné par l'EGPFC est de 106 familles qui habitent ce bidonville, on ne peut pas dire autant du nombre exact de baraques, car aucun recensement n'a été fait dans ce sens. Ce qui est certain, c'est que ce bidonville prend de l'extension à vue d'œil. On chuchote que beaucoup de ces familles recourent à la construction nocturne d'un toit destiné à un fils en âge de convoler en justes noces. Pour les besoins en eau potable et en électricité, les moyens du cimetière et le piratage suffisent. La question qui s'impose devant cette situation est de savoir où est l'autorité de l'Etat, sachant que ces lieux nécessitent une prise en charge à la mesure du respect que leur accordent nos traditions et notre religion ? Bien sûr, il ne s'agit pas ici de jeter l'anathème sur telle ou autre partie, le problème dépasse la structure chargée de la gestion des cimetières. Cette dernière s'est distinguée, depuis notamment 2004, par de grandes rénovations au niveau de tous les lieux de sépulture d'Alger, y compris les cimetières chrétiens et l'unique juif se trouvant à Bologhine. Mais il faut admettre en parallèle que le cimetière d'El-Alia risque de connaître, suite au silence des autorités concernées, une situation ingérable. Comment lancer les projets d'extension prévus quand on sait que la prolifération des constructions illicites n'est pas pour faciliter les choses ? Il est question en effet de la réalisation d'une morgue d'une capacité de 500 cadavres au niveau de ce cimetière, le seul de par sa superficie qui puisse permettre un tel projet. La morgue actuellement en service a une capacité de 100 dépouilles. Le BET français à qui a été confié le projet aura également la charge de réaliser des salles de médecine légale et d'autopsie ainsi que des salles d'attente et d'orientation. Pour ce qui est de l'entretien et des travaux de réfection, le cimetière a bénéficié de la rénovation du carré des Martyrs avec la réhabilitation d'un certain nombre de mausolées des personnalités politiques, à l'exemple de celui de l'ancien président de la République Houari Boumediene qui a été doté d'une salle d'attente, de salles d'eau et d'ablutions ainsi que d'un grillage. En attendant que les services concernés procèdent au relogement des familles qui occupent une partie des assiettes devant servir aux projets d'extension restés bloqués tels l'accès sud donnant sur la cité universitaire de jeunes filles, il est prévu la fermeture de tous les accès secondaires et issues utilisés par les délinquants comme lieu de consommation de drogue et d'alcool. Pour ce qui est des projets à lancer dans les jours à venir, les cimetières de Garidi et d'El-Kettar connaîtront des travaux d'aménagement dont l'enveloppe est respectivement de 3 et de 2,2 milliards de centimes. ALI FARES