Dans l'enquête menée en 1992, le sociologue Omar Derras a relevé que le choix et les préférences dominantes de plus de 30% de cadres enquêtés de GL1Z (Sonatrach) penchaient vers le projet de société libérale, au moment de l'enquête. Mais s'agissant des exécutants (ouvriers et employés), il constate qu'une partie relativement importante (25,3%) était séduite par le projet islamiste, tandis qu'une autre proportion, celle des indécis (30%), semblait être dépassée par les événements. Le chercheur souligne en outre que les agents de maîtrise avaient “une position ambivalente”, tiraillés entre les deux projets de société : 38% d'entre eux étaient pour le modèle libéral et 22% pour l'Etat théocratique. Les choses semblent, cependant, évoluer avec le temps, puisqu'en 2005, M. Derras remarque un “affermissement et (une) consolidation du choix de la voie libérale” pour les trois grands groupes sociaux étudiés. Ainsi, en l'espace de quinze années, “le choix de la voie libérale qui était prédominante (…) augmente avec l'importance du niveau hiérarchique”. Concernant l'attitude des salariés à l'égard du syndicalisme, de l'engagement politique et de leurs préférences partisanes, les résultats de l'enquête illustrent “une faible expérience” dans le domaine ainsi qu'“une faible tradition syndicale et politique” des concernés. Pour ce qui est des choix des chaînes télévisées, l'enquête de 2005 montre un “attrait significatif” des groupes sociaux supérieurs et intermédiaires, suivis plus loin du groupe populaire, vers les chaînes françaises, surtout pour s'informer et en raison de “l'absence de liberté” au niveau des chaînes publiques nationales. Le sociologue précise, concernant les groupes sociaux intermédiaires et du groupe populaire, que ces derniers avaient “des préférences singulièrement pour des émissions de loisirs”. Il atteste aussi que l'autre chaîne qui rencontre “actuellement beaucoup de succès” en Algérie est la chaîne religieuse Ikraa. Une chaîne, explique-t-il, qui “fait un travail d'endoctrinement de grande envergure”, particulièrement chez les groupes sociaux intermédiaires et les groupes populaires, puisque 20% des enquêtés se classent parmi les habitués. Enfin, s'agissant des travailleurs qui n'étaient pas parabolés, soit 14% du groupe populaire, ils n'avaient pas en fait d'autre choix que de regarder l'unique TV. Comme on le voit, l'étude sur le choix des émissions préférées et des chaînes de TV regardées par les Algériens confirme bel et bien le point de vue de la presse écrite sur le sujet. Cet état des choses évoque, pour le chercheur, “une cohérence dans la structuration idéologique, sociale et culturelle, de plus en plus différenciée”. H. A.