La Fondation allemande Friedrich-Ebert a présenté hier deux publications, finalisées récemment, qui sont mises “gracieusement” au service du mouvement associatif algérien : une enquête nationale relative au “phénomène associatif en Algérie”, ainsi qu'un manuel pour “la pratique des organisations non gouvernementales” (ONG). Lors d'une conférence de presse animée par Mme Zohra Hamouri et M. Omar Derras, respectivement chargée de programme et consultant indépendant à la fondation, il a été souligné que les deux publications ont été réalisées avec le soutien financier de la Commission européenne, dans le cadre du projet triennal 2004-2007 portant “programme de coopération avec la société civile en Algérie”. Un programme visant notamment la “promotion de la démocratie et la société civile”, le “soutien du développement économique et social” et le “renforcement des mass médias”, selon Mme Hamouri. Cette dernière a également déclaré qu'une partie du budget du projet triennal a permis la création, dès juillet 2004, d'un cadre de coordination dénommé “Espace de coordinations des ONG algériennes (ECO)”. L'intervenante a, en outre, rappelé l'importance accordée par la Fondation Ebert à l'information et la formation “des cadres associatifs” qui fait malheureusement défaut au mouvement. D'où l'édition du manuel pour la pratique des associations, qui n'est autre qu'un recueil de thèmes, débattus lors des séminaires ayant été organisés par la fondation et se rapportant “au fonctionnement, à l'organisation et à l'évaluation du travail associatif”. Un recueil enrichi aussi par des textes législatifs régissant le mouvement associatif dans notre pays (loi n°90-31 relative aux associations, décrets exécutifs et autres textes) et contenant, en annexe, des modèles de formulaires “utiles dans l'administration de l'association”. La chargée de programme de la fondation a expliqué que le manuel, présenté aux journalistes sous forme de classeur, est conçu pour “un usage permanent” par les membres des associations et qu'il sera même actualisé par de nouveaux thèmes ou de “nouvelles approches”. Concernant l'ouvrage de 153 pages, qui a été réalisé par M. Derras, celui-ci a indiqué que l'enquête a débuté à la fin avril 2006 et lui a exigé une année de travail, entre l'étude sur le terrain (24 wilayas) et la rédaction des résultats de l'investigation. Le sociologue et chercheur du Crasc a aussi noté “le peu de travaux scientifiques” sur le phénomène associatif en Algérie, en précisant que son choix s'est fait principalement sur “le diagnostic le plus précis possible de la vitalité associative”. “Le phénomène associatif en Algérie” porte précisément sur un échantillon de 446 associations algériennes et s'adresse non seulement à celles-ci, mais également à des membres d'APW et des responsables au niveau des APC. De l'avis de M. Derras, son échantillon “reflète l'état de la participation associative”, puisqu'il couvre “entre 80 et 85% des associations actives” sur le territoire national. “Nous pouvons estimer le nombre d'associations actives entre 1 000 et 1 500, tous secteurs confondus”, a-t-il soutenu, évaluant le nombre des “adhérents réguliers” à près de 250 000 personnes. En avisant plus loin : “Les enquêteurs ont rencontré des problèmes de visibilité des associations, je veux parler de l'identification et la localisation des associations.” Il a, en outre, constaté qu'environ 70% de l'encadrement des associations en Algérie ont un niveau universitaire, mais “ce sont des gens qui n'ont pas d'expérience dans l'activité partisane ni associative”. Pourtant, le sociologue a reconnu que “les associations de contestation et des droits de l'Homme ne sont pas très actives, car elles sont marginalisées”. Avant d'ajouter : “La culture de citoyenneté est encore rudimentaire en Algérie, c'est pourquoi je parle de phénomène associatif et non pas de mouvement associatif”. H. Ameyar