Le président zimbabwéen refuse de lâcher prise alors qu'une épidémie de choléra endeuille son pays. Le plus ancien président du continent, Mugabe est au pouvoir depuis 1982, ne veut pas partager le pouvoir en dépit des résultats des dernières consultations électorales et de nombreux appels à sa démission qui ont émané de la communauté internationale ces derniers jours. Pour mettre fin au regain d'intérêt que suscite son pays depuis son appel à l'aide pour juguler l'épidémie, Mugabe a déclaré ce week-end qu'il n'y avait plus de choléra ! Pourtant, l'épidémie s'est répandue jusqu'en Afrique du Sud, dont le nord, frontalier du Zimbabwe, a été déclaré zone de catastrophe. Le même jour, l'Union africaine a annoncé qu'elle faisait un don de 100 000 dollars au Zimbabwe pour l'aider à endiguer la maladie, mais l'organisation panafricaine s'est abstenue de commenter la situation politique du pays. L'UA est de moins en moins unanime derrière le tyran zimbabwéen. Le Premier ministre kenyan, Raila Odinga, a estimé que les gouvernants africains devraient chasser leur homologue zimbabwéen du pouvoir. Il est vrai Odinga, vainqueur des législatives, n'a été installé à la tête du gouvernement qu'au prix d'une guerre civile et de pressions sur le chef de l'Etat qui voulait garder à lui seul le pouvoir. Les Occidentaux (Etats-Unis, Grande-Bretagne, France et plus récemment la Belgique), dont un jour il faudra faire le procès à propos de ces totalitaires qui gouvernent l'Afrique, ont lancé des appels à la démission de Mugabe lui donnant l'occasion de rebondir. “Nous ne voulons pas qu'ils nous fassent la leçon quand leurs mains sont pleines de sang sur le continent” leur a rétorqué le ministre zimbabwéen de la Communication, et il n'a pas si tort que cela. La secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice a été la première à demander à Robert Mugabe de quitter le pouvoir, suivi du Premier ministre britannique Gordon Brown et du président français Nicolas Sarkozy en tant que président en exercice de l'UE. Bush est allé jusqu'à inviter les dirigeants africains à forcer leur homologue à abandonner le pouvoir. Le problème est dans l'achoppement des négociations entre l'opposition menée par Morgan Tsvangirai et le pouvoir alors que la crise humanitaire frappe leur pays. Toutes les structures de base en matière d'éducation, de santé, d'alimentation, de services sociaux et sanitaires sont inopérantes au Zimbabwe, a établi dans son rapport le groupe The Elders, une sorte d'ONG de sages présidée par Kofi Annan, l'ancien secrétaire général des Nations unies, et l'ancien président américain Jimmy Carter, qui intercède dans les conflits et situations inextricables. Pour l'heure, malgré les multiples menaces et le renforcement des sanctions de l'UE contre 178 dignitaires du régime (gel des avoirs et interdiction de voyager) n'ont pas eu raison de Mugabe. Mais, il a perdu son grand soutien, l'Afrique du Sud qui s'est débarrassé de M'Beki le protecteur du tyran du Zimbabwe. D. B.