Peu répandue, la cybercriminalité en Algérie ne constitue pas encore une menace réelle. Toutefois, des pays comme la France cherchent à intensifier la coopération dans le domaine. “Nous n'avons pas encore eu à affronter de cas de piraterie ciblant la France à partir de l'Algérie”, a affirmé, hier, le commandant de police française Georges de Souqual, en marge d'un séminaire sur la cybercriminalité organisé par le ministère de la Justice à l'Ecole supérieure de la magistrature, au profit de magistrats du pôle pénal. Le directeur de la formation au niveau du ministère de la Justice explique pourquoi. Selon lui, “à cause de la décennie noire du terrorisme, le pays a enregistré un retard dans l'utilisation de l'outil informatique et les techniques de l'information. Ce qui a impliqué une introduction tardive de ce phénomène. Cela ne veut pas dire que ce genre d'infractions n'existe pas. La cybercriminalité viendra fatalement. C'est pour cette raison que nous avons décidé de nous impliquer en tant que secteur de la justice. Nous ne sommes pas à notre première action en matière de lutte contre ce phénomène qui ne peut aboutir que grâce à une coopération internationale. Sinon, cela sera un langage de sourds”. Le directeur de la formation au niveau du ministère de la Justice avoue qu'il reste beaucoup à faire “dans la coordination des méthodes de travail et les systèmes de procédures”. “La cybercriminalité peut menacer même l'intégrité des institutions. Ce n'est pas le cas encore en Algérie, il faut néanmoins s'en prémunir”, enchaîne ce responsable. Vice-président chargé de l'instruction Juridiction interrégionale spécialisée de Renne, Bernard Simier, insiste sur l'utilité de la coopération internationale, soutenant que des accords existent entre l'Algérie et la France dans le domaine de la lutte contre la cybercriminalité, sans obligation d'extradition des auteurs de ces infractions. Il estime que ce n'est pas un problème, pour peu qu'Alger s'engage à entamer des poursuites judiciaires contre eux. “Nous avons vite compris que la cybercriminalité s'installe dans des pays peu coopérants. Nous ne serons efficaces contre la cybercriminalité que s'il y a coopération internationale. C'est pour cette raison que la coopération doit être plus développée avec les pays de l'Est comme la Russie et l'Ukraine et les pays de l'ouest de l'Afrique”, pense Bernard Simier. Le commandant de police Georges de Souqual indique que 80% des investigations de la police française sont menés hors du pays, soulignant que la France dans le cadre de ces enquêtes se heurte souvent au souci de manque de coopération de la part de certains pays. “Nous demandons aux pays de geler les données en attendant de mettre en branle la coopération judiciaire”. Les lois en vigueur en Europe obligent les pays membres de conserver les données entre 6 mois et 2 ans. Le directeur de la formation au niveau du ministère de la Justice fait remarquer, pour sa part, que l'Algérie a mis en place “un premier noyau de règles concernant les infractions portant atteinte au système de traitement automatisé de données. Ce sont des articles de lois qui existent dans de nombreux pays. Même les Américains se sont inspirés des instruments européens de lutte contre la cybercriminalité. Une personne qui s'introduit dans un système, dans un fichier, soit par curiosité, soit pour porter atteinte aux informations et aux équipements ou bien celui qui fait propager des virus, c'est un volet de la cybercriminalité. Il y a d'autres infractions qui sont commises par l'outil informatique comme faire l'apologie du terrorisme, donner des ordres à ces complices terroristes, des infractions sexuelles (pédophilie) ou escroquerie par Internet, c'est aussi de la cybercriminalité. La coopération est importante, car l'infraction est de nature internationale. Quelqu'un peut attaquer l'Australie à partir de l'Algérie. Les frontières sont généralement des obstacles qui se dressent devant les enquêteurs ou bien les magistrats. L'entraide permet de raccourcir les délais et devenir plus efficaces contre ce fléau. C'est l'objectif des rencontres qu'organise le ministère de la Justice”. Nissa Hammadi