Ahmed Ouyahia sera-t-il reconduit ? Tout porte à le croire. Le Premier ministre aura à composer, à la demande du président de la République, un nouveau gouvernement, ou alors opérer un léger remaniement ministériel. Le cabinet Ouyahia aura à se pencher sur un ensemble de dossiers aussi complexes que sensibles. Il aura surtout à injecter du sang neuf dans l'économie. Et, du coup, et c'est fort probable, certains ministres qui n'ont pas fait montre d'entrain sur certaines questions économiques quitteront le gouvernement ou changeront de portefeuille. L'objectif central du prochain exécutif est de faire aboutir des projets restés en rade ou mal orientés et de faire face à la crise économique mondiale. Dans les meetings à thème qu'il a animés lors de la campagne électorale pour la présidentielle, le chef de l'Etat a fait une somme de promesses, du relèvement du salaire national minimum garanti (SNMG), à la multiplication par deux de la bourse des étudiants, l'effacement des dettes des paysans, l'amélioration du pouvoir d'achat des ménages en passant par la modernisation ou la création d'infrastructures. Tout cela doit être traduit dans les faits, dans les meilleurs délais possibles. Tâche ardue ? C'est dans le cadre du programme quinquennal, cent cinquante milliards de dollars, que ces promesses, ces objectifs vont être réalisés. Une question cependant : seront-elles tenues ? Le programme en question risquerait de se voir opposer certaines difficultés si la crise économique mondiale s'étale dans le temps et si les prix du pétrole chutent davantage. A l'heure qu'il est, l'Algérie reste à l'abri des aléas de la finance mondiale. Elle affiche une croissance positive, un léger mieux, même par rapport à des pays développés. Quant aux bons résultats enregistrés en 2008, l'Etat pourrait, sinon les améliorer, du moins les préserver, à l'exercice 2009. L'année écoulée, l'Algérie a maintenu équilibrés ses comptes extérieurs. En 2008, un excédent commercial de plus de 41,93 milliards de dollars contre 29,22 milliards de dollars en 2007, a été retenu. Ce n'est pas peu. Les exportations ont atteint 76,10 milliards de dollars de janvier à novembre 2008 contre 54,18 milliards de dollars durant la même période de 2007, soit une hausse de 40,45%. Durant cette période de référence, l'Algérie a importé pour 34,16 milliards de dollars contre 24,96 milliards de dollars en 2007, soit une hausse de 36,87%. Elle a également réalisé en 2007 un excédent commercial de 32,08 milliards de dollars, en baisse de 3,25 % par rapport à celui de 2006 (33,15 milliards). La balance commerciale algérienne est tirée à la hausse ces dernières années par la grâce de la bonne tenue des marchés pétroliers. L'Algérie, dans l'objectif de diversifier son économie, avait, il y a quelques années, mis au point une stratégie industrielle dont les résultats sont jugés acceptables. Des indices ? Le complexe d'El Hadjar, produit d'un partenariat réalisé avec ArcelorMittal, génère dix millions de dollars par an au profit de l'Etat. C'est une entité qui fonctionne bien, disent les spécialistes. Elle est présentée par les pouvoirs publics comme une réussite en matière de partenariat, d'ailleurs. Un complexe sidérurgique allait être réalisé en partenariat avec le groupe indien ArcelorMittal et un autre avec une compagnie égyptienne à Bellara, dans la wilaya de Jijel. Une autoroute reliant le port de Djendjen et Bellara à la wilaya de Sétif sera également réalisée à partir de 2009. Pour ce qui se rapporte au secteur agricole, celui-ci a bénéficié d'un budget de 257 milliards de dinars en 2008 et bénéficiera d'un budget de 306 milliards de dinars en 2009. A la lumière de ces projections budgétaires dans le secteur, l'Algérie serait en mesure de réduire de 65% sa dépendance alimentaire durant les cinq années à venir. C'est le propos de Ahmed Ouyahia, lors de l'une des ses interventions publiques. Le gouvernement a consacré 900 milliards de dinars au développement dans les régions du Sud. Le Sud a bénéficié d'un montant de 750 milliards de dinars au titre d'un programme spécial annoncé en Conseil des ministres en janvier 2006. Et, depuis 1998, un fonds spécial Sud a été mis sur pied et qui bénéficie de 2% des recettes des hydrocarbures. A toutes ces dotations budgétaires, il faut ajouter une rallonge programmée dans le cadre de la loi de finances complémentaires 2009. Ce qu'il faut retenir également, c'est qu'en ce qui concerne les performances imprimées en 2008 et les projections affichées pour 2009, tous les acteurs économiques ou presque s'y reconnaissent. Les organisations patronales, même si certaines d'entre elles jouent la carte du corporatisme, appuient le programme quinquennal. Le FCE, une des organisations les plus actives sur la scène économique locale, a apporté son soutien au programme électoral du président. Avant la présidentielle, le FCE, ainsi que d'autres organisations avaient soumis à un cahier de doléances au gouvernement. Y. S.