La crise financière, dont le directeur du FMI annonce que les effets seront encore “pires en 2009”, oblige des pays, comme ceux du Maghreb, à établir leur bilan d'ouverture tenant compte d'accords d'association séparés avec l'UE et d'accords multiples de libre-échange dont il reste à appréhender les impacts en termes de rapports équitables. Sur fond de crise économique internationale aiguë et ne cessant de s'aggraver au vu de la situation des entreprises de pointe des pays les plus développés, d'en être, pour les pays du Maghreb, à examiner leur situation présente et, dans un tel contexte, avec ce que cela suppose d'attentes et d'effets sur les relations économiques telles que censées être établies depuis l'entrée en vigueur du processus de Barcelone et de la naissance toute récente de l'Union pour la Méditerranée (UPM). De fait, c'est bien en cette conjoncture économique internationale très difficile qu'il conviendrait d'examiner les rapports euro-méditerranéens, particulièrement ceux entretenus avec les pays du Maghreb. À l'évidence, il semble que les échanges et assistance promus et promis par Barcelone et, aujourd'hui, par l'UPM, auront profité et profitent beaucoup plus à l'Europe qu'à ses vis-à-vis nord-africains ; ceux-ci étant, dès lors, à considérer comme une zone d'écoulement de produits agricoles, manufacturés et industriels en provenance du nord, outre de lourds équipements. Venant à s'appuyer sur les données chiffrées illustrant les rapports entre les pays de la zone occidentale euro-méditerranéenne, telle observation fait ressortir tout le déséquilibre économique entre le Nord et le Sud ; avec tout ce que cela doit impliquer de réorientation politico-commerciale par les pays pouvant s'estimer lésés par un partenariat censé contribuer à leur développement économique et, par prolongement, social. Et la considération précitée prend encore plus d'ampleur lorsque l'on constate qu'aucun rapprochement ni concertation n'ont été effectués par l'Europe avec les pays du sud et de l'est de la Méditerranée, tout autant dans le cadre de l'UPM et de son rôle que compte tenu de la grave situation financière internationale. Aussi, d'en venir à constater et à dire, en termes d'analyse politique, que les pays censés être partenaires de l'Union européenne au niveau maghrébin, pour exemple, sont gravement défavorisés par des accords de libre-échange séparés et dont il serait nécessaire de tirer les enseignements en vue d'une révision en profondeur des rapports économiques tels qu'ayant prévalu depuis le processus de Barcelone et les accords d'association séparés avec l'Union européenne. À ce point, de faire ressortir, en termes d'argumentation, la marginalisation des pays du sud méditerranéen par l'Europe, celle-ci les excluant du débat sur les effets présents et à venir de cette crise économique sans précédant, car sans rapport avec celle de 1929 en termes d'effet à l'échelle internationale. Se devant de considérer l'importance du partenariat euroméditerranéen, tel que dicté par la proximité de l'UE, il appartient aux pays du Maghreb et du Machrek de consolider leur assise et démarche ; se devant, également, d'un point de vue stratégique, de prendre conscience de l'incontournabilité qu'il y a, pour eux, d'unir leurs forces face aux offensives commerciales et économiques dont ils font l'objet et telles que se précisant par l'intérêt soutenu et grandissant qu'ils suscitent dans le cadre de la redistribution géopolitique et géostratégique s'opérant. Comme jamais, les pays de l'hémisphère sud, d'une façon globale, qualifiés de pauvres ou en voie de développement, malgré leurs richesses et potentialités connues ou restant à découvrir, continuent de subir des pressions pour ouvrir, toujours plus, leurs marchés respectifs aux pays riches, sans contrepartie réellement positive et qui viendrait à concourir à leur développement économique et social. Aussi, face à l'Europe, dans un cadre ou non de l'UPM ; face aux USA et d'autres puissances intéressées, les pays du Sud se doivent d'unir leurs efforts aux fins de contrebalancer une conquête économique les prenant pour cible à travers plusieurs objectifs et dont il n'y aurait à attendre aucune contrepartie réellement positive… Comme jamais, le dialogue et la coopération Sud-Sud n'auront été aussi d'à-propos qu'en cette période spécifique de récession internationale, celle-ci devant entraîner le redoublement de la conquête de nouveaux marchés de la part des plus puissants. Pour leur part, semblant unis dans la recherche d'une solution à la crise financière, les USA et l'UE s'affrontent, néanmoins, politiquement et diplomatiquement, en vue d'accaparer de nouveaux marchés et de s'assurer une prédominance en certains points précis du globe… Ici, de s'interroger quant à une réelle prise de conscience maghrébine et venant à contrecarrer une invasion économique en provenance de tous horizons et intéressée par un marché de 90 millions d'habitants, d'autant que garanti par des ressources indéniables. Du politique et du stratégique se rejoignant, il s'agirait, dans le fond, de ne pas être les dupes d'une offensive économique mondiale s'inscrivant sous les qualificatifs de processus de Barcelone, UPM, accord d'association, zone de libre-échange et bien d'autres. Larbi R. Abahri