Sur fond de crise internationale, chaque pays est mis dans l'obligation de réexaminer en profondeur la nature de ses relations économiques avec ses différents partenaires, s'agissant de parvenir à mieux les équilibrer. Bien réelle que cette confrontation économique d'envergure mondiale et à laquelle se livrent les USA et l'Union européenne, allant a contrario des intérêts des pays dits émergents et pénalisant, encore plus, les autres nations défavorisées. Ainsi, en considérant que si l'Union européenne, dans sa stratégie de compétition avec les Etats-Unis, au Maghreb et dans les pays arabes d'une façon générale, semble avoir tiré un avantage à travers l'organisation d'une Union pour la Méditerranée, il demeure qu'une telle donne pourrait être totalement inversée par une dynamique politique et économique nouvelle pouvant être initiée par l'ensemble des nations des rives Sud et Est du bassin méditerranéen. Au Maghreb, comme au Proche-Orient, la régionalisation économique se révèle urgente d'autant qu'assurée par une communauté de langue, de religion et de frontières, avantages géopolitiques que l'on ne retrouve pas forcément en Europe. Enfin, pour les pays du Maghreb et du Proche-Orient, une union économique doit être organisée très rapidement afin d'éviter de plus grands déséquilibres que ne manqueront pas d'engendrer les effets de la mondialisation et la montée très active de la Chine, de l'Inde et du Brésil dont il ne faut pas mésestimer l'importance sur tous les plans. Par ailleurs, sur les plans politique et économique, il faut admettre que, face à l'Afrique du Nord, géographiquement, l'UE n'a pas mesuré à sa réelle valeur la nécessité d'un marché commun maghrébin avec ce qu'il aurait induit et induirait d'effets positifs du point de vue politique, économique et sécuritaire dans la région, pas plus qu'elle ne s'empresse d'encourager une évolution identique au Proche-Orient, contribuant, par une telle négligence diplomatique, à laisser se perpétuer des situations à hauts risques. Enfin, considérant que l'Algérie peut estimer son rapprochement avec l'UE comme incontournable, faut-il que cette dernière admette le bien-fondé des préoccupations algériennes, notamment en ce qui concerne la protection de la production nationale algérienne face à une concurrence redoutable et reposant sur une passation d'accords d'association et de création de zones de libre-échange permettant d'éluder bien des obligations douanières. Et, c'est à ce niveau qu'apparaît toute la fragilité de l'Algérie avec de très faibles exportations hors hydrocarbures. Face à cette nouvelle conquête économique à laquelle se livrent Américains et Européens aussi bien au Proche-Orient qu'au Maghreb, les Algériens interpellent l'Union européenne en vue d'une concertation qui permettrait de dépasser les positions et réserves affichées de part et d'autre sur fond de non-dits politiques décelables en filigrane à travers la ligne et les menées européennes. Car, pour Alger, l'accord d'association algéro-européen aura permis à l'UE d'ouvrir une nouvelle porte au renforcement de sa sécurité et de ses approvisionnements énergétiques… À elle, donc, d'évaluer et de reconnaître, à sa juste valeur, la contrepartie réclamée par l'Algérie pour l'ensemble de ses apports au plan économique et commercial, de même sur le plan stratégique et militaire ; les deux aspects ne pouvant être dissociés, toujours pris en compte par les spécialistes en prospective. Et l'appréciation des capitales européennes s'étant nettement améliorée en ce qui a trait à l'évolution globale de l'Algérie, au cours de ces dernières années, force pour elles de remarquer, également, qu'Alger n'a jamais montré de précipitation depuis le processus d'accord d'association, dans le même temps que continue d'être examiné le volet de son adhésion à l'OMC, position mesurée faisant bien dire que notre pays entend bien être considéré à la juste puissance de sa situation géopolitique et géostratégique. De fait, en ce qui concerne l'accord d'association Algérie-UE, c'est de toute une problématique régionale dont il s'agit. Bien avant le processus de Barcelone et beaucoup plus loin que celui-ci, l'Union européenne, avant son élargissement à l'Est, aurait dû se préoccuper de favoriser l'équilibre maghrébin et aider à promouvoir un marché commun propre à cette région, soit une zone économique et commerciale ouverte et offrant de plus grandes perspectives et stabilité à ses ressortissants ; perspectives politiques en lesquelles l'UE a été devancée par les Etats-Unis, même si l'intention de ceux-ci, incitant à la création d'un Grand Proche-Orient incluant le Maghreb, est demeurée au stade de vœu pieux. Larbi R. Abahri