À quelques semaines de la fin de la présidence française de l'UE, M. Xavier Driencourt, ambassadeur de France à Alger, rappelle à l'Algérie, en termes diplomatiques, le travail qui lui incombe dans le domaine des droits de l'Homme. “Dans un esprit de dialogue et de coopération, l'Union européenne s'efforce de rappeler à ses partenaires, à commencer par ses voisins les plus proches de la Méditerranée et ses nouveaux voisins de l'Est, que la plus grande attention doit être accordée à la protection et à la promotion des droits de l'Homme, notamment en période de conflit armé ou dans le contexte de la lutte contre le terrorisme.” À quelques semaines de la fin de la présidence française de l'UE, M. Xavier Driencourt, ambassadeur de France à Alger, rappelle à l'Algérie, en termes diplomatiques, le travail qui lui incombe dans le domaine des droits de l'Homme. Même si le propos emprunte beaucoup aux subtilités sémantiques, il n'en charrie pas moins quelques remarques, somme toute amicales, histoire sans doute de ne pas froisser un partenaire souvent irascible à l'idée d'être épinglé sur la question sensible des droits de l'Homme. Ce n'est pas d'ailleurs sans raison que le diplomate a souhaité que l'Algérie engage, comme l'ont fait la Tunisie, le Maroc, la Jordanie ou encore Israël, un dialogue sur la question des droits de l'Homme. “L'UE a ainsi engagé des dialogues spécifiques sur les droits de l'Homme dans le cadre du partenariat euroméditerranéen avec cinq pays : le Maroc, la Tunisie, l'Egypte, la Jordanie, ainsi qu'avec Israël. L'UE a également noué un dialogue sur les droits de l'Homme avec de grands ensembles régionaux, comme l'Union africaine. J'espère que l'Algérie acceptera également de mener un dialogue de ce genre avec les Européens. Cela refléterait pleinement la maturité et la confiance qui imprègnent la relation UE-Algérie”, a-t-il dit dans une allocution prononcée hier à Alger, lors d'un séminaire sur le “renforcement du rôle des femmes et des enfants dans la société” organisé par la Commission européenne à l'occasion du 60e anniversaire des droits de l'Homme. L'Europe, qui dispose d'un des systèmes les plus performants et les plus efficaces au monde de protection des droits de l'Homme et des libertés fondamentales, grâce à la cour des droits de l'Homme et à la cour de justice des communautés européennes dont les décisions s'imposent à tous les Etats membres, semble avoir pris toute la mesure de la nécessité qu'elle a à apporter sa pierre à l'édifice de la construction des droits chez les pays où ils sont malmenés. Xavier Driencourt n'a pas manqué de rappeler toutes les actions engagées par l'UE en faveur de la protection des droits de la femme, ceux des enfants, ainsi que celles menées dans nombre d'endroits à travers le monde où des crimes contre l'humanité sont perpétrés. “Il ne s'agit pas ici d'imposer un modèle particulier de pensée ou de civilisation, car les droits de l'Homme sont un bien commun de l'humanité.” “La déclaration de 1948, dont nous célébrons aujourd'hui le 60e anniversaire, porte d'ailleurs le titre d'“universelle”, et pas d'“internationale”, a-t-il précisé, comme pour signifier que sa sortie n'a pas vocation d'injonction. Il formule un vœu : que l'Algérie abolisse la peine de mort. Un souhait accompagné d'une furtive allusion aux harcèlements dont ont été victimes récemment certains chrétiens en Algérie. “Chaque année, à l'Assemblée générale des Nations unies, les Etats membres de l'Union européenne proposent et parrainent un nombre important de résolutions thématiques ou de résolutions pays, en s'efforçant de les faire adopter par consensus. Tel est le cas de la résolution annuelle sur l'intolérance religieuse ou de la résolution annuelle appelant à un moratoire sur la peine de mort, que l'Algérie soutient pleinement. 137 pays ont déjà aboli, en droit ou en pratique, cette peine cruelle. À cet égard, je me réjouis que l'Algérie ait cessé d'appliquer la peine de mort depuis 1993, et je forme le vœu, au nom des pays membres de l'Union européenne, qu'elle finisse par l'abolir complètement. Je me félicite que des débats sur cette question aient prochainement lieu en Algérie, en janvier prochain, sous l'égide de la Commission nationale consultative pour la protection et la promotion des droits de l'Homme, et très prochainement (aujourd'hui, ndlr) à l'Assemblée populaire nationale, à l'initiative d'un groupe parlementaire (celui du RCD, ndlr).” Avant de clore son discours, le diplomate a tenu à rendre hommage à Germaine Tillion, décédée en avril dernier. Morte à l'âge de 100 ans, ethnologue, Germaine Tillion a été pour beaucoup dans la prise de conscience chez l'opinion française de la situation des populations “indigènes” durant la colonisation grâce à ses témoignages et écrits lors de ses séjours, restés célèbres, dans les Aurès. Pour sa part, Mme Laura Baez a rappelé que les droits de l'Homme sont au coeur de la politique de l'UE en matière de relations et de coopération extérieure. Et dans l'accord d'association signé entre les deux parties figurent des engagements mutuels pour la promotion des droits, notamment ceux des femmes. À noter que quatre associations, qui ont bénéficié de l'appui de l'UE, ont présenté leurs projets. Près de 10 millions d'euros ont été consentis pour appuyer quelque 44 projets dans le cadre du programme ONG II pour la promotion des droits de la femme et des enfants. Karim Kebir