Obama, le nouveau président américain, prendra ses fonctions avec un sérieux casse-tête aux frontières de son pays. Les Latinos ruent dans les brancards, ils veulent carrément couper les cordons ombilicaux qui les relaient à leur voisin impérial. Les pays d'Amérique latine et des Caraïbes revendiquent leur indépendance régionale. Les numéros un des trente-trois pays présents au sommet de Costa Do Sauipe, au Brésil, ont à l'issue de leurs sommet à la création d'une union régionale, “sans les Etats-Unis” et, précision de taille, “qui refuserait toute ingérence extérieure”. Le message est clair comme l'eau de roche : il est destiné aux “gringos”. L'initiative latino ne tombe pas du ciel, c'est l'aboutissement d'un processus qui a commencé début 2000 avec le retour de régimes de gauche, pour le moins démocratiques, à la tête d'une région livrée auparavant aux généraux, aux latifundistes et aux oligarques dont la caractéristique est d'avoir été installé par “l'oncle Sam” pour faire de l'Amérique latine le marche-pied des Etats-Unis. Le président Bush, à la fois ultra-libéral et interventionniste comme jamais n'ont connu les Etats-Unis, devait lui-même admettre et publiquement, sur le sol de ses voisins, qu'il comprenait pourquoi il suscitait tant de haines chez les peuples latinos. La crise financière internationale a fait le reste : les Latinos ont décidé de se passer des chaînes qui les lient avec les Etats-Unis. Et pour marquer cette nouvelle orientation, le sommet de Costa Do Sauipe s'est aussi révolté contre les embargos imposés par l'administration Bush contre certains de leurs membres. Le Mercosur (Argentine, Brésil, Paraguay et Uruguay), ainsi que les autres pays présents, ont réclamé la fin de l'embargo économique américain à l'encontre de Cuba et de la Bolivie. Le premier président noir des Etats-Unis avait déclaré pendant sa campagne qu'immédiatement après avoir pris ses fonctions le 20 janvier, il entendait lever toutes les restrictions aux voyages familiaux et aux transferts d'espèces avec Cuba. Mais il ne serait pas prêt à lever l'embargo, avant d'avoir vu “des avancées majeures en terme de démocratie”. Le sommet aura accueilli en grande pompe le leader cubain Raul Castro dont ce fut la première présence sur la scène multilatérale. Un pied de nez à Bush avant qu'il ne remette les clefs de la Maison-Blanche à Obama. D. B.