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L'application et le respect des quotas : l'autre challenge de l'Opep L'organisation a réussi à dégager un consensus pour une réduction de 2,2 MB/J de sa production
Les dirigeants doivent ainsi convaincre non seulement les membres, mais aussi les autres pays producteurs de l'opportunité de leur démarche. Un signal fort destiné aux marchés pétroliers, un coup d'épée dans l'eau, une décision importante, historique… La réduction de 2,2 Mb/j de la production de pétrole, décidée par les pays membres de l'Opep, a été différemment interprétée par les observateurs. Chacun y va de sa propre argumentation. Il y a des analystes qui excluent toute réaction immédiate du marché. Pour eux, il est encore trop tôt pour évaluer l'impact de cette mesure sur les marchés pétroliers, encore traumatisés par la crise financière internationale. Ils avancent comme raison la date, un peu éloignée, de l'entrée en vigueur de la décision prévue, rappelle-t-on, pour le 1er janvier 2009. D'autres experts, en revanche, affichent clairement leur scepticisme quant à l'application effective de la décision. Or, les pays membres de l'Opep doivent consolider la baisse de la production par une application ferme des décisions de l'Organisation. Outre la stabilité du marché, l'équilibre entre l'offre et la demande, l'arrêt de la chute des cours, il est également souhaité une large coordination et concertation entre tous les producteurs à l'intérieur et en dehors de l'Opep. Autrement dit, les membres de l'Organisation espèrent associer les autres pays dans leur démarche et les convaincre à appliquer la baisse pour laquelle ils ont opté mercredi dernier à Oran. Désormais, des étapes encore plus décisives attendent l'Opep. La véritable problématique a trait en réalité à cette mise en œuvre de la décision de réduction. C'est l'autre challenge dans lequel se lance l'Organisation après avoir réussi celui de dégager un consensus, sur le principe de réduction, entre tous les producteurs Opep et non Opep. Echaudés par l'analyse approfondie faite sur l'évolution du marché, certains spécialistes avouent que les baisses de production décidées par l'Opep auparavant n'ont été appliquées par ses membres qu'à hauteur de 50% à 60%. Et là aussi, les avis sont partagés. Chakib Khelil, président en exercice de l'Opep, a annoncé à quelques jours de la 151e réunion extraordinaire d'Oran que les décisions de réduction, notamment celle de novembre étaient appliquées à 85% par les pays membres. Il n'en a pas parlé toutefois au cours de ce dernier sommet. Il a, en effet, promis de révéler les niveaux de baisse pratiqués par chaque adhérent en se basant sur les renseignements que pouvaient communiquer les compagnies d'assurance lors des opérations d'exportation du pétrole. Les plus pessimistes estiment que les opérateurs ne croient pas que la réduction réelle actuelle sera aussi importante que celle annoncée. C'est une chose de dire qu'ils vont réduire leur production, mais ce qui compte, pour reprendre une phrase d'un expert, c'est de le faire. La réduction réelle actuelle sera-t-elle aussi importante que celle annoncée ? Une chose est sûre, l'Opep n'a pas obtenu d'accord formel des producteurs non membres invités à la réunion, mais la Russie et l'Azerbaïdjan se sont dit prêts à réduire leur offre pour soutenir l'Organisation dans ses efforts de stabilisation des prix. La Russie a, de son côté, réaffirmé qu'elle n'avait pris aucun engagement ferme vis-à-vis de l'Opep, mais son vice-ministre de l'Energie a déclaré qu'un ralentissement de la demande mondiale en pétrole et en gaz se traduirait par un ajustement de la production. Si la Russie et l'Azerbaïdjan, conviés à Oran, se sont dit prêts à des baisses de production, aucun accord formel n'a été cependant arraché. L'Azerbaïdjan, autre pays non Opep qui a participé à la conférence d'Oran avec la Russie, la Syrie et Oman, avait créé la surprise en annonçant une réduction de sa production de 300 000 b/j. Reste à savoir si ces deux pays iront jusqu'au bout de leurs promesses. C'est dire que le chemin est encore plus long pour les membres de l'Opep pour concrétiser leurs objectifs. “Cela prend du temps. Il faut qu'il y ait peut-être d'autres baisses à l'avenir”, remarquera Chakib Khelil. D'ailleurs, une autre réunion ordinaire est prévue le 15 mars à Vienne où il sera question de réexaminer le marché à la faveur de la nouvelle donne, à savoir la réduction de la production. Toutefois, le ministre de l'Energie n'écarte pas l'idée de la tenue d'une autre réunion avant celle du 15 mars. Si l'équilibre n'est pas atteint, d'autres réductions ne sont pas à exclure, avouera M. Khelil. B. K.