L'organisation des pays exportateurs de pétrole devrait annoncer, aujourd'hui à Oran, une forte réduction de sa production. Rarement une conférence extraordinaire de l'Opep n'aura autant tenu en haleine. Des décisions importantes doivent être prises. Un événement de taille est attendu: l'adhésion de la Russie au sein du Cartel. «Nous devons défendre nos intérêts, c'est notre source de revenus, qu'il s'agisse du pétrole ou du gaz», a fait savoir le nouvel homme fort du Kremlin, Dmitri Medvedev. Le président russe, soucieux qu'il ne sert à rien de faire cavalier seul dans la conjoncture actuelle qui a sensiblement affecté les cours de l'or noir, n'a pas caché son intention de coordonner désormais et mener des actions communes particulièrement avec l'Opep. Il propose de «combiner une réduction des volumes de production de pétrole, une participation aux organisations existantes de fournisseurs, ainsi qu'une participation à de nouvelles organisations si nous pouvons nous mettre d'accord là-dessus». L'Opep s'attend donc à ce que le second producteur de brut rejoigne ses rangs et lui tend les bras. Mais voilà, même si le moment risque d'être historique, la fête risque d'être gâchée. La raison est simple: la demande mondiale de pétrole est en chute libre. Elle devrait accuser un recul pour l'année 2008 et s'accélérer, selon le rapport mensuel de l'Opep du mois de décembre, en 2009. «La demande de pétrole a été réduite d'une estimation initiale de hausse de 1,3 million de barils par jour (mbj) à un recul de 0,1 mbj, pour s'établir à 85,83 mbj», a rapporté l'Organisation des pays exportateurs de pétrole dans son document. Cette chute est, cependant, loin d'être stoppée puisque les perspectives de la situation de l'économie mondiale ne s'annoncent guère sous de bons auspices. «La dégradation de l'économie dans les pays de l'Ocde réduira, selon les estimations, la demande mondiale totale de pétrole en 2009 de 0,15 mbj, soit 0,2%, à 85,7 mbj», a précisé le rapport de l'Opep. Ce qui fait sérieusement craindre pour les prix du baril de pétrole. La dégringolade risque fort de ne pas connaître de fin. Les estimations de l'Opep ne sont guère optimistes. «Le sentiment baissier des marchés de produits pétroliers est susceptible de persister dans les prochains mois, engendrant encore des pressions tant sur les prix du brut que des produits», souligne l'Organisation. Toutes ces nouvelles pas trop rassurantes pour le marché pétrolier indiquent que l'Opep se dirige aujourd'hui vers une «réduction d'envergure» de sa production, pour tenter de mettre un terme à la sévère glissade des prix de l'or noir. Le moral n'est apparemment pas au beau fixe, mais la volonté existe. «Tout le monde est favorable à une réduction, je n'ai aucun doute là-dessus», a déclaré avec assurance hier Chakib Khelil. Le président en exercice de l'Opep tient à terminer son mandat sur un coup d'éclat la réduction de la production de l'Opep devrait s'avérer importante: 1 à 2,5 millions de baril par jour. Le marché pétrolier retient son souffle...