La croissance de l'économie, les revenus de l'Etat et la capacité d'épargne du pays sont très dépendants du secteur des hydrocarbures et varient avec lui. La variable clé pour l'Algérie est le prix du baril de pétrole ; les hydrocarbures constituent la principale source de revenus du pays. Toute variation du prix du baril de pétrole se traduit par une variation dans le même sens du niveau des exportations et du niveau des recettes budgétaires. Or, le pétrole a perdu plus de 50% de sa valeur par rapport au niveau de prix enregistrés en juillet dernier et son évolution future est si incertaine que même les décisions de l'Opep n'arrivent pas à redresser la barre. L'Algérie a déjà connu ce type de situation par le passé. En 1986, c'était une crise issue d'un recul important du pouvoir d'achat externe de l'Algérie. Notre pays avait perdu entre 1987 et 1991 90% de son pouvoir d'achat international dû à l'effet cumulé de la chute du prix du pétrole et de la baisse du dollar. La crise du pouvoir d'achat de 1986 était profonde : des réserves de change faibles et un endettement croissant. Les réserves de change étaient de 2 à 3 milliards de dollars seulement, c'est-à-dire trois mois d'importations et la dette était de 17 milliards. Ce qui a conduit l'Algérie à rééchelonner sa dette en 1994 et subir en même temps le programme du Plan d'ajustement structurel (PAS) imposé par le FMI. En 1998, au sortir du PAS, le prix du pétrole a chuté à 11 dollars le baril, alors que les équilibres budgétaires ont été construits sur la base d'un baril à 15 dollars. Les leçons ont-elles été tirées de ces deux chocs pétroliers ? Pas totalement. Il est vrai que le législateur, en créant le Fonds de régulation des recettes, a voulu protéger la dépense publique de la volatilité des prix du pétrole. Cependant, le problème de diversification de l'économie reste posé. La croissance hors-hydrocarbures demeure molle et les exportations hors-hydrocarbures, dont la moitié est d'ailleurs constituée de dérivés des hydrocarbures, ne couvrent que 11 jours d'importations. Des importations qui ont connu une très forte progression ces deux dernières années : +28% en 2007 et +35% sur le premier semestre 2008. À ce rythme, il a été calculé que les importations et les sortes de dividendes pourraient égaler les exportations en l'espace de quelques années. Par ailleurs, quand le prix du pétrole est divisé par deux, la croissance perd un quart. Du coup, la croissance économique va baisser d'un quart en 2009, si les prix du pétrole se comportent tels que prévus et si les volumes restent ce qu'ils sont. M. R.