2008 aura été l'année de tous les excès. L'année où le prix du pétrole a crevé le plafond des 140 dollars pour tomber à moins de 40 dollars le baril, l'année où la flambée du prix des céréales a fait resurgir les émeutes de la faim, l'année, enfin, de ce que l'on qualifie “de la plus grande crise financière mondiale”. Beaucoup de responsables, d'économistes et autres analystes ont fait part de leur point de vue sur l'impact possible de la crise financière internationale sur l'Algérie. Le consensus est que l'Algérie ne sera pas affectée par la crise financière proprement dite, mais pourrait être plus sensible au ralentissement économique mondial du fait de la baisse de la demande d'énergie qui en découle. Dans la crise, la variable clé pour l'Algérie est le prix du baril de pétrole, les hydrocarbures constituant la principale source de revenus du pays. Toute variation du prix du baril de pétrole se traduit par une variation dans le même sens du niveau des exportations et du niveau des recettes budgétaires. Or, l'impact du ralentissement économique a contribué à une destruction de la demande, entraînant un effondrement sans précédent des prix, qui ont perdu plus de 90 dollars le baril depuis juillet. Même l'Opep, qui pourtant a procédé à des coupes importantes de sa production, 4,2 milliards de barils par jour cumulées depuis septembre, n'arrive pas à faire redresser les prix du pétrole. Du coup, la baisse des prix des hydrocarbures couplée à des importations élevées entraînerait, certainement, une dégradation significative de solde extérieur. Le solde sera toujours positif, mais il sera moins important que celui réalisé en 2008. L'Algérie a réalisé, durant les onze premiers mois de l'année 2008, un excédent commercial de 41,93 milliards de dollars. La baisse des prix du pétrole pèserait également sur la croissance. La part du secteur des hydrocarbures dans la production de la richesse nationale est passée de 33% en 2002 à 55% en 2008. Les moteurs de la croissance sont, également, le secteur de la construction et les services impulsés par les dépenses publiques. L'ancien ministre des finances, Abdelatif Benachenhou, avait expliqué que : “quand le prix du pétrole est divisé par deux, la croissance baisse de 25%.” Du coup, prévoit le professeur Benachenhou, “la croissance économique va baisser d'un quart en 2009, si les prix du pétrole se comportent tel que prévu et si les volumes restent ce qu'ils sont”. Le FMI dans ses prévisions évoque une croissance globale de 2,5% à 3% en 2009, une croissance hors hydrocarbures d'environ 6%, si les projets importants d'investissements publics et privés se poursuivent, et une inflation de moins de 4%. La banque mondiale projette une croissance de 3,8% en 2009, contre 4,9% en 2008. Parallèlement, le rapport Global Economic Prospects 2009 de la banque mondiale annonce que les denrées alimentaires devraient baisser de 23% par rapport à leur moyenne de 2008. Une bonne nouvelle pour l'Algérie qui a importé pour plus de 7,02 milliards de dollars contre 4,37 milliards de dollars des produits alimentaires. Mais globalement pour peu que la crise ne se prolonge pas, l'Algérie dispose de marges de manœuvre encore importantes. L'enseignement à tirer de cette crise mondiale est que l'Algérie doit diversifier son économie. Mais combien de fois a-t-on déjà répété cette évidence sans qu'on assiste sur le terrain à des actes laissant espérer que le problème est sérieusement pris en charge ? M. R.