Encore un film à inscrire au catalogue audiovisuel d'expression amazighe. Il s'agit en réalité d'un téléfilm d'Ahmed Djenadi, réalisateur et producteur qui s'est déjà distingué par un feuilleton (le premier dans l'histoire du jeune cinéma amazigh) sur un thème social, “Aâziz aken yebghu yili” (L'être cher) diffusé sur les écrans de l'ENTV et produit en DVD disponible depuis quelques mois déjà sur le marché“Yura deg w anyir” ou L'ironie du sort est un film d'action policier qui raconte la vie d'un fils d'émigré, Tahar, qui revient en Algérie suite à une expulsion et s'installe chez son oncle Belkacem dans un village de Kabylie, dans la région de Béjaïa. Il s'intègre peu à peu et apprend le kabyle. Il passe ses journées au café et sombre dans un ennui au quotidien. Il va s'essayer au travail du bâtiment. Embauché comme manœuvre dans un chantier, il ne tient qu'une œuvre et abdique devant la rudesse de la tâche. Il décide de se faire de l'argent “facilement”. Après quelques larcins, des vols d'autoradios, il passe à la vitesse supérieure et crée une bande de malfaiteurs qui va écumer la région : hold- up dans un magasin de portables, attaque avortée d'un bureau de poste, hold-up tragique d'une banque…La dernière trouvaille, à l'issue de laquelle le trio se fera arrêter par la police consiste à dresser de faux barrages pour détrousser des routiers. La fin de la projection, lors de l'avant-première, qui a eu lieu, il y a deux semaines à la la maison de la culture de Béjaïa, a été accueillie par une standing ovation qui rend justice à un travail remarquable dans sa réalisation, dans sa direction d'acteurs et le traitement de l'image. Les principaux interprètes, Saïd Benatsou, Abdelghani Shehata, Toufik Guelati et Ahmed Djenadi (dans le rôle du commissaire de police) tirent leur épingle du jeu et donnent du volume, de la véracité au film malgré beaucoup de lacunes dans le scénario : on voit des séquences inutiles qui alourdissent l'œuvre, l'abandon de la piste de “celui qui parle en français”, piste qui ne servira pas à la résolution de l'enquête – au demeurant très superficielle et sommaire- et surtout cette grande bourde : la bande de malfaiteurs dresse ses faux barrages sur une route nationale très fréquentée et toujours au même endroit comme s'ils adressaient une invitation à la police pour venir les cueillir ! L'effort reste toutefois louable mais l'équipe doit savoir qu'un scénario rigoureux et vraisemblable est toujours à la base d'un film réussi. Abdelaziz YESSAD