Le cinéma kabyle avance. Des productions voient souvent le jour. Depuis l'institutionnalisation du Festival du film amazigh, des producteurs s'essaient au métier. Ahmed Djenadi est de ceux-là. Jeudi dernier, il a présenté en avant-première son deuxième film Yurade gw anyir (ironie du sort). Une production qu'il a financée lui-même. C'est dire tout l'engagement qui l'anime. Le producteur et le réalisateur étaient présents avec les acteurs pour répondre aux questions d'un public nombreux venu découvrir à la Maison de la culture Taous-Amrouche de Béjaïa, ce long métrage de 1h30mn. C'est l'histoire d'un jeune immigré, Franco-Algérien, expulsé de France et qui n'arrive pas à s'adapter dans la société algérienne, qui est mise en scène dans ce film. L'inadaptation a poussé ce jeune à verser dans le braquage, le faux barrage et le vol à la tire, avant de connaître une fin dramatique. En fait, c'est le premier film du genre en langue kabyle, à travers lequel un message est lancé à la jeunesse ´´pour ne pas s'embarquer dans la délinquance´´et surtout ´´faire attention pour ne pas finir derrière les barreaux´´. A travers ce film, le rappel des valeurs de tolérance, véhiculées par la société et les fléaux sociaux qui font rage dans d'autres sociétés. C'est un peu une manière de contribuer à freiner l'émigration clandestine qui, souvent, entraîne au suicide, même si les jeunes candidats à la harga arrivent à destination. Le thème est donc d'actualité. Le film en question se présente comme une halte à même de pousser à la réflexion face aux différents phénomènes de société. Rencontré sur les lieux, le réalisateur estime que «les pouvoirs publics doivent changer de regard à l'égard du cinéma d'expression amazighe». Dans ce sens, la ministre de la Culture est sommée d'aider les initiatives de production. Ahmed Djenadi n'est pas à sa première expérience. Le producteur-réalisateur a déjà pendu le premier feuilleton d'expression amazighe de huit parties, en 2006. L'être cher est un film qui a eu un grand écho auprès des téléspectateurs. Il a été diffusé par la Télévision algérienne, Beur TV et Berbère TV. Ce feuilleton met en scène la vie des personnes âgées, abandonnées par leurs familles respectives. Des vieux vivant dans les auspices. Le deuxième feuilleton de Ahmed Djenadi titré Ces Temps-là, met en relief des faits sociaux devenus courants dans notre société. Il s'agit du mariage des vieux avec des jeunes filles pour des histoires d'argent et dont l'origine est liée au changement des moeurs dans la société, l'invasion culturelle que nous subissons et aussi la crise économique qui touche un grand pan de la société. Ce feuilleton qui est toujours en instance au niveau de la Télévision algérienne, mérite bien d'être diffusé pour révéler le visage d'une culture qui n'est pas la nôtre, une culture qui est en voie d'emporter les valeurs fondées sur l'authenticité d'une société qui tend à se transformer de manière radicale et à se diriger vers l'inconnu.