Le président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'Homme (CNCPPDH) a montré, hier, plus d'optimisme que d'habitude concernant le cas du diplomate algérien, Mohamed-Ziane Hasseni, retenu depuis août dernier en France. En marge de la journée d'étude organisée par l'APN (précisément par sa Commission des affaires étrangères, de la coopération et de l'émigration, et celle des affaires juridiques et administratives et des libertés), à l'occasion de la commémoration du 60e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'Homme, sous le thème du “Nepad et (des) droits de l'Homme”, Me Farouk Ksentini a déclaré à la presse : “L'affaire du diplomate algérien a une coloration politique. Mais une fois qu'il n'y aura plus le non-lieu et qu'il ne sera plus sous contrôle judiciaire, il rentrera chez lui.” Même si l'avocat a évité de trop s'étendre sur le sujet, il a donné l'impression que les autorités algériennes et françaises ont trouvé un terrain d'entente sur la désormais “affaire Hasseni”, du moins sur la question du délai d'examen judiciaire. Hier, Me Ksentini paraissait plus détendu que le 3 décembre dernier. Ce jour-là, le président de la CNCPPDH était monté au créneau pour dénoncer l'attitude de la justice française. Il avait alors estimé que le maintien du diplomate algérien sous contrôle judiciaire en France constituait une “atteinte grave aux droits de l'Homme”. Farouk Ksentini avait même tenu des mots durs à l'encontre de nos voisins, allant jusqu'à qualifier la gestion de l'affaire de “tentative de retour de la justice coloniale” et craignant que le concerné ne bénéficie pas d'un “procès équitable”. Mohamed-Ziane Hasseni, pour rappel, a été interpellé le 14 août dernier à l'aéroport de Marseille (France), puis placé sous contrôle judiciaire pour “complicité” présumée dans l'assassinat au prétexte que son nom présentait des similitudes avec le patronyme Hassani, objet d'un mandat d'arrêt international lancé en 2007. Pendant plusieurs mois, pour des raisons liées, semble-t-il, à la conviction que l'affaire allait connaître rapidement un dénouement heureux, les autorités algériennes ne se sont pas vraiment impliquées. Elles ont même gardé un silence troublant devant une affaire d'Etat, puisqu'un chef du protocole du ministère des Affaires étrangères était traîné devant la justice française. Cette situation a fait réagir des citoyens qui, dans une lettre ouverte au président de la République, l'ont interpellé sur “l'inqualifiable abandon d'un haut cadre de l'Etat, livré pieds et poings liés en victime expiatoire”, tout en dénonçant “les carences” de la diplomatie algérienne. Mais face aux développements pris par cette affaire, les dirigeants algériens ont fini par sortir de leur réserve. Le 13 décembre, le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, a déclaré dans un point de presse que l'emballement observé dans la presse nationale “n'a pas de fondements pour l'instant”. Il a aussi écarté l'idée d'une crise dans les relations algéro-françaises en faisant remarquer : “C'est certain que l'affaire Hasseni est une affaire préoccupante, d'abord parce que c'est une injustice et, ensuite, parce que les délais commencent à devenir excessifs.” On notera que les propos de M. Ouyahia sont intervenus au lendemain de la sortie médiatique du porte-parole du Quai d'Orsay, Eric Chevallier, qui avait nié l'existence de “rétorsions” dans le processus judiciaire. Pour ce qui est du président de la CNCPPDH, ce dernier, malgré l'optimisme affiché, a tenu à dire hier que “l'affaire Hasseni” comporte “des formes de pression sur l'Algérie”. Me Ksentini s'est également exprimé sur le discours officiel sur les droits de l'Homme en Algérie, attestant : “Plus l'Etat est fort, plus il assumera et défendra efficacement la mission des droits de l'Homme.” Hafida Ameyar