Les derniers développements de la situation en Mauritanie, en Guinée et au Nord-Mali ramènent une fois de plus l'Afrique sur le devant de la scène internationale. Abdelkader Messahel, ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, nous livre ici sa lecture de l'actualité. Liberté : Le Conseil de paix et de sécurité de l'Union africaine a examiné, au cours de sa dernière réunion, les développements en Mauritanie à la lumière des décisions prises par les autorités militaires en place, de mise en liberté du Président déchu et d'organisation des “états généraux de la démocratie”. Quelle a été la position de l'Algérie ? Abdelkader Messahel : L'Algérie a réitéré, au cours de cette réunion, sa position doctrinale à l'égard des changements anticonstitutionnels en Afrique. Celle-ci se confond avec celle de l'Union africaine qui, à travers son acte constitutif et sa résolution 142, adoptée à Alger en 1999 et confortée par le sommet de Lomé en 2000, condamne sans équivoque tout changement anticonstitutionnel. Elle a fait cependant remarquer que les derniers développements intervenus en Mauritanie, en particulier la remise en liberté du président Abdellahi et l'organisation des “états généraux de la démocratie” sont des signes positifs qu'il faut encourager. S'agissant du dialogue interne, l'Algérie a affirmé, dès le premier jour de la crise, l'importance du dialogue national pour faire prévaloir une solution consensuelle qui préserve l'unité, la stabilité et les intérêts supérieurs de la Mauritanie, ainsi que les acquis démocratiques du peuple frère mauritanien. Au regard des liens de fraternité et de voisinage qui nous lient à ce pays frère, nous demeurons très attentifs à l'évolution de la situation. Nous fondons beaucoup d'espoir sur les capacités de nos frères mauritaniens à dénouer cette crise. Les développements intervenus en Guinée, suite au décès du président Lansana Conté, suscitent de vives inquiétudes de voir ce pays basculer dans l'inconnu, conséquence d'une mise au placard des institutions et de la Constitution. Comment l'Algérie apprécie-t-elle la situation ? Nous suivons avec beaucoup d'intérêt les développements de la situation en Guinée. Il est évident que nous ne saurions cautionner le recours à des moyens autres que ceux prévus par la Constitution pour assurer la succession de feu le président Lansana Conté. C'est là, encore une fois, une position qui découle des décisions adoptées par l'Union africaine à l'égard des changements anticonstitutionnels et auxquelles j'ai fait référence précédemment. Nos frères responsables guinéens, quelle que soit leur position au sein de la hiérarchie, sont interpellés pour assurer une transition conforme aux dispositions de la Constitution. Ce qui permettra au peuple de choisir librement le futur président de la République et de préserver la sécurité et la stabilité de la Guinée ainsi que la cohésion sociale. Ce n'est qu'à cette condition que le pays pourra faire face aux défis auxquels il est confronté. Le Nord-Mali a été, une nouvelle fois, le théâtre d'affrontements armés. Est-ce que ces incidents ne mettent pas en péril le dialogue fragile qui s'est instauré et auquel l'Algérie a pris une part active ? Les évènements qui ont eu pour théâtre la localité de Nampala, au Nord-Mali, soulèvent tout naturellement des inquiétudes car ils sont porteurs de risques de dérapages graves. Cependant, la logique du dialogue qui a fini par s'imposer dans la recherche de solutions aux problèmes du Nord-Mali doit être préservée. L'Algérie, comme vous le savez, n'a ménagé aucun effort pour aider les frères maliens à régler par le dialogue la crise qui agite le Nord-Mali. Il s'agit de trouver des solutions durables qui ne peuvent être, au bout du compte, que le résultat d'un consensus partagé par les parties en présence dans l'esprit des engagements pris dans les Accords d'Alger de juillet 2006. S. T.