La ville de Tadjenant de par sa situation de carrefour sur la RN5 entre Sétif et Constantine est par excellence le “paradis” de l'informel. Distante de 50 kilomètres de la capitale des Hauts-Plateaux et de 70 kilomètres de Constantine, cette ville, connue par son souk hebdomadaire, est, chaque jeudi, la Mecque des commerçants qui viennent des différentes wilayas du pays pour écouler leurs marchandises. En effet, son souk hebdomadaire se tient le mardi et le jeudi. Le premier est réservé à la pièce détachée, la brocante et la quincaillerie. En dépit de l'interdiction de l'importation de la pièce détachée déjà utilisée appelée communément “pièce de casse”, à Tadjenant vous trouverez tout ce que vous cherchez. Les étals sont dans leur majorité une extension des commerces des villes avoisinantes, notamment ceux de la cité des 1006 logements à Sétif, de Tadjenant et d'El-Eulma. Réputé à l'échelle nationale, le souk du jeudi, où l'on vend des habits, des chaussures, des cosmétiques, des tapis, des couvertures, des matelas, de l'électroménager, de l'électronique et même le matériel informatique est le plus important de par le nombre de commerçants qui exposent leurs marchandises et le nombre de personnes qui s'y rendent pour faire leurs emplettes. Dès minuit, les commerçants envahissent ce haut lieu du commerce et occupent les lieux pour passer la nuit dans leurs voitures, fourgons ou camions. Ni la pluie, ni la neige, ni le verglas et le froid ne les empêchent de marquer leur présence. Aux abords du souk, les véhicules circulent pare-chocs contre pare-chocs et pour trouver une place, pour garer son véhicule, il faut se lever tôt, voire ne pas dormir la nuit. Beaucoup de clients voient que ces commerces sont une extension des commerces de Dubaï (El-Eulma). “C'est la même marchandise et les mêmes prix affichés à Dubaï. Les importateurs, pour aider un proche, un voisin ou un ami lui donnent de la marchandise pour l'écouler dans les différents souks et marchés de la région. C'est pour cela que les gens ne viennent plus aussi nombreux à Tadjenant. Il y a quelques années, ce souk était plus important. Même les prix étaient intéressants. Dubaï d'El-Eulma l'a ‘tué'. Il est plus pratique de se rendre à El-Eulma que de venir à Tadjenant. Si les gens continuent à venir ici, c'est parce qu'ils ont pris l'habitude seulement”, nous dira un client. Dans ce haut lieu de business dans sa majorité illégal, on vend tout et n'importe quoi. Les commerçants vous affirment que les produits qui sont écoulés au niveau de Tadjenant sont, dans leur majorité, “made in China”, Indonésie Syrie ou Turquie. La marque et la griffe n'ont pas de place ici. Selon certaines indiscrétions, une partie des marchandises serait confectionnée au niveau des ateliers du coin au niveau de Tadjenant, El-Eulma, Sétif, Oum El-Bouaghi… Il suffit de mettre des étiquettes “made in...” pour convaincre les clients que c'est un produit importé. Des produits de contrefaçon sont écoulés au niveau de ce souk. Les commerçants empruntent généralement d'autres routes pour se rendre au souk et échapper au contrôle des services des douanes. Il faut noter que personne ne vous délivre une facture, et le bon que vous pouvez avoir n'est valable que pour le présenter au niveau du barrage de police ou de gendarmerie. Parler d'un bon de garantie est une chimère. F. SENOUSSAOUI