Le service maternité de l'hôpital Parnet (Hussein Dey) est en chantier. Son activité a été transférée, il y a plusieurs semaines, vers des structures sanitaires de communes voisines. Le Pr Bouzekrini, chef du service gynécologie obstétrique du CHU, poursuit ses consultations, dans un bureau préservé tant bien que mal des travaux de rénovation entrepris sur le bâtiment. “La première technique de PMA a été pratiquée, en Algérie, à l'hôpital Parnet, au début des années 90”, informe-t-il comme entrée dans le vif du sujet. L'équipe du Pr Laliam et Dr Ftouki a mené à terme un programme de recherche sur les possibilités de fécondation en dehors de l'organisme humain, quasiment dans la clandestinité. Si bien que les 9 naissances, obtenues en 1992 et homologuées par le ministère de la Santé et de la Population, n'ont guère été médiatisées. Un flou qui fait douter le Dr Amari –médecin biologiste à la clinique El Farabi- sur leur réelle existence. Le contexte sécuritaire de l'époque explique assurément le soin pris par le secteur à ne pas trop parler d'un acte médical qui aurait été inévitablement mis à mal par les islamistes. D'ailleurs le service de PMA de Parnet a fermé en 1995. “Nous avons tenté avec le Pr Laliam de relancer le programme sans succès”, rapporte le Pr Bouzekrini, qui figure dans le cercle fermé des 20 gynécologues algériens en exercice dès 1961. “Je suis peut-être actuellement le doyen des gynécologues obstétriciens, mais pas le plus vieux”, nous lance-t-il dans une boutade. Le centre de PMA de l'hôpital Parnet s'est transformé, au fil du temps, en un centre de stérilité, fréquenté assidûment par les couples en quête d'un traitement thérapeutique de leur infertilité. “Nous pratiquons, dans cette unité, l'exploration des couples stériles et l'insémination artificielle. Nous procéderons aux FIV dès que les locaux seront prêts, c'est-à-dire dans trois ou quatre mois”, promet notre interlocuteur. Le Dr Keddad, directrice de la population au ministère de la Santé affirme que les trois centres de PMA publics (Alger, Constantine et Oran) devront être opérationnels impérativement en 2009. “Le public a accusé un grand retard”, commente-t-elle. Il est suppléé, en la matière, par le privé, en dépit de l'investissement lourd qu'exige l'acquisition d'un matériel de pointe, souvent sur fonds propres ou par crédit bancaire. “La demande est importante”, souligne le Pr Bouzekrini. L'intérêt du public réside notamment dans la gratuité de l'acte, facturé dans les structures privées au prix fort. Rien qu'en 2008, environ 300 dossiers de couples candidats à la FIV sous ses différentes formes sont mis en veille en attendant l'ouverture du centre public. “Sans compter les nouveaux cas en exploration”, précise la sage-femme, chef de l'unité. L'équipe opère d'abord une consultation de tri pour déterminer les cas dont aucun traitement ni technique n'est efficace. “Le dossier est clos quand la médecine ne peut rien faire contre la stérilité du couple. On ne leur donne pas de faux espoirs”, souligne notre interlocutrice, qui affirme qu'il est demandé aux autres de faire des analyses et des examens médicaux indispensables. “Une fois le dossier complet, on le présente au colloque de stérilité, qui se réunit une fois par semaine”, indique-t-elle. La réunion du staff de la PMA traite 5 à 8 dossiers hebdomadairement. Ces derniers sont classés par catégorie de technique indiquée : insémination artificielle intra-utérine, une FIV conventionnelle (une cinquantaine de cas en stand-by jusqu'alors) et FIV par ICSI (une centaine de candidats en attente). L'équipe du Pr Bouzekrini assure qu'il ne sera pas difficile de prendre en charge tous les couples, pour peu que leur stérilité ne soit pas irréversible. “L'hospitalisation est de jour. La préparation de la femme se fait en externe”, soutient la sage-femme. Six lits pour les femmes et deux pour les hommes sont prévus dans la structure, qui s'est dotée à 90% de l'équipement de la PMA grâce à un conventionnement avec la Caisse de sécurité sociale. “Le matériel manquant sera livré avant le lancement du centre”, rassure le Pr Bouzekrini. Depuis 2005, son service a enregistré 80 grossesses. “Pour obtenir de meilleurs résultats, il faut être opérationnels. Nous ne le sommes pas encore”, rappelle son chef d'unité. S. H.