On l'appelait Catherine pour son teint et ses longs cheveux blonds. Elle avait 24 ans et vivait avec son jeune frère de 14 ans qui n'était guère gâté par la nature du point de vue physique et mental, si bien qu'on l'affubla du sobriquet de ”l'idiot”. Les deux jeunes gens avaient perdu leurs parents dès leur jeune âge et Catherine (seul prénom qu'on lui connaissait) avait lutté seule pendant des années pour survivre et élever son frère. Il faut dire qu'elle est passée par tous les métiers imaginables. Femme de ménage, danseuse, serveuse, cuisinière. Pour terminer par le plus vieux métier du monde. Par la suite, elle a essayé de se “ranger" en commençant d'abord par déménager du lieu où elle travaillait pour habiter une cave humide, sombre et poussiéreuse. Ce qui n'arrangeait point son petit frère qui toussait à se crever les poumons. Catherine commença d'abord par chercher du travail. Un travail honnête et durable qui la mettrait hors du besoin. Mais ne voilà-t-il pas que les temps sont durs, et qu'un travail rangé est aussi difficile à dénicher qu'une aiguille dans une botte de foin. Catherine fut donc dans l'obligation de traîner la savate et de tendre la main pour pouvoir manger à sa faim et acheter quelques tubes de Gardénal à son frangin pour calmer ses crises d'épilepsie. Un jour, Fettouma, une délicieuse grand mère au cœur grand comme le monde, lui proposa le gîte et le couvert, ainsi qu'un bon salaire. Elle l'avait prise en pitié en voyant des personnes malintentionnées rôder autour d'elle. La sœur et le frère se retrouvèrent donc au chaud dans un foyer accueillant et leur hôtesse plus chaleureuse qu'une maman. Fettouma remercia Dieu d'avoir mis fin à sa solitude et se plia en quatre pour satisfaire les besoins de ses deux enfants. Catherine s'épanouissait et embellissait à vue d'œil. Mais elle voulait plus que cela. La folie des grandeurs commençait à s'emparer d'elle. Elle veut des toilettes coûteuses, des coiffures à la mode, un maquillage sophistiqué et les beaux bijoux de la vielle Fettouma. Cette dernière lui dira un jour en souriant: - Ma fille, je n'ai plus que toi au monde, tu seras la seule à hériter de tous mes biens à ma mort. La mort ? Mais oui, il fallait y penser. Catherine n'attendra point la mort naturelle de la vieille Fetouma.Non ce sera trop long et la jeunesse n'attend pas. Profitant d'un moment où la vieille femme prenait son bain, Catherine vint lui proposer ses services. Confiante, Fettouma accepta d'emblée. Pour toute réponse, Catherine ne trouvera rien de mieux que de l'étrangler avant de lui fracasser la tête contre le robinet de la baignoire. Son arrestation survint quelques heures plus tard. Y. H.