Résumé de la 6e partie n Patrick évoque un souvenir d'écolier, ce qui va aider le sergent à démarrer son enquête. Vas-y toujours… — Ben voilà... les trois... là, Kay, Dustin et Patrick, ils se ressemblent... un air de famille... vous voyez... les yeux, le nez, et les pommettes surtout... mais le petit, il n'a pas du tout la même tête... Le sergent Pinter examine les trois adolescents. Même peau mate, mêmes cheveux épais et noirs naturellement, c'est visible, le type mexicain en fait, alors que le petit Timmy a le teint clair, et les cheveux blonds sous la teinture. Kay, l'aînée, semble deviner l'interrogation du sergent. — Je ne sais pas si papa a eu raison, mais il nous a expliqué qu'il préférait qu'il n'y ait pas de différence entre Timmy et nous, pour qu'il s'adapte mieux... vous comprenez... il est très sensible... nerveux… il a besoin qu'on l'aime beaucoup. L'agent Bobby CharIes demande la police de Market. Jusqu'ici, les enfants sont restés caImes, nuIlement effrayés, pas même inquiets, persuadés que les policiers ne sont là que pour la fugue de Timmy, Timmy... leur petit frère, qu'ils aiment déjà, depuis quinze jours... En attendant son coIlègue au télephone, le sergent demande à Kay : — Quand Timmy est-il arrivé chez vous exactement ? — Le jour de la Saint-Valentin, monsieur... Au bout du fil, le sergent Bardge, de la police de Market, écoute son coIlègue Pinter. Il se souvient rapidement d'une affaire qui n'est toujours pas close. — Il y a sept ans, le fils d'un Mexicain, employé dans une conserverie locale, a été enIevé. Pas de rançon demandée, rien, et les parents n'ont jamais perdu espoir. Ils cherchent encore, ils observent la télévision, les photos dans les journaux, ils ont fait le tour du comté, mis des photos partout... c'était... La date fait sursauter le sergent Pinter. — Merci, Bardge, je crois qu'on tient le fil, je vous tiendrai au courant. Il s'agit de voI d'enfants ; je demande les renforts, j'interroge ce type, et je vous rappelle. Attendez avant d'alerter les parents, mais d'ici peu, je vous confirme. Les enfants ont compris. Du moins les trois grands. Enfants volés ? On parle d'eux ? Kay, Patrick et Dustin se serrent les uns contre les autres, ils entendent le sergent Pinter demander du renfort, deux hommes pour garder la villa, deux autres pour s'assurer de la présence de monsieur Shields à son bureau et la consigne de ne pas intervenir avant l'arrivée du sergent Pinter. Kay, surtout, est affolée. — Qu'est-ce que vous allez faire à papa ? — Lui parler, Kay... ne t'inquiète pas. ParIe-moi plutôt de cette femme qui est morte, votre «mère»… avant que vous soyez nés... — Elle était belle. Papa me l'a dit un jour. Elle était mexicaine, il l'adorait, mais je n'en sais pas plus. C'est quelque chose de très douloureux pour lui, vous savez ; il revenait de la guerre, ils se sont mariés, et trois mois après, elle est morte. Elle est notre maman morte, c'est tout ce que nous savons d'elle... Leur maman morte. L'agent Bobby Charles en a les larmes aux yeux. Les histoires d'amour le font toujours craquer. Il ne les rencontre qu'à la télévision dans les feuilletons, mais cette fois-ci, il en a une vraie sous les yeux. Le sergent Pinter, lui, doit faire son métier de flic, histoire d'amour ou pas. Il cherche le mobile. — Dis-moi, Kay, est-ce que tu sais pourquoi ton papa vous a... disons, adoptés, tous les quatre ? — En souvenir de maman. Avant qu'elle meure, ils s'étaient juré d'avoir des tas d'enfants tous les deux... Des tas d'enfants. Tous volés, le jour de la Saint-Valentin, une Saint-Valentin pour Kay, une pour Dustin, une pour Patrick, une pour le petit Timmy. Ce jour-là, «papa» n'avait pas trouvé de petit Mexicain aux cheveux noirs comme sa femme, au teint mat comme sa femme, aux grands yeux noirs comme sa femme. Alors il avait teint les cheveux blonds de Timmy. Shields était-il fou ? D'amour, c'est évident. De désespoir et d'amour.