Israël a lancé jeudi dernier un raid d'hélicoptères à Gaza, le troisième en 24 heures contre le Hamas, qui a fait sept morts palestiniens, confirmant son intention de livrer au mouvement radical un combat sans merci au lendemain d'un attentat suicide sanglant à Jérusalem. Deux autres Palestiniens ont été tués lors d'accrochages avec l'armée israélienne à Jénine (Cisjordanie), qui ont suivi une attaque palestinienne contre une voiture à bord de laquelle circulait un Israélien qui a été tué. Une Israélienne a succombé à ses blessures reçues lors de l'attentat suicide à Jérusalem, portant le bilan de cette attaque à 17 morts, outre le kamikaze. Enfin, un Palestinien est décédé des suites de ses blessures infligées mercredi lors d'un raid israélien à Gaza, portant le bilan de l'attaque à 10 morts. Jeudi, Yasser Taha, un chef militaire du Hamas, son épouse et sa fillette de trois ans, ont été tués dans une voiture par des tirs de roquettes. L'attaque a fait quatre autres victimes et une trentaine de blessés. "Nous regrettons que deux civils aient été tués durant cette opération. C'est le résultat d'une erreur", a indiqué le porte-parole de l'armée. Dans la soirée, un Israélien de 35 ans a été tué par des tirs palestiniens alors qu'il circulait près de Jénine. Les Brigades des martyrs d'Al-Aqsa, groupe armé lié au Fatah du dirigeant palestinien Yasser Arafat, ont revendiqué l'attaque. L'opération a été suivie d'accrochages à Jénine entre l'armée israélienne et des Palestiniens armés, au cours desquels deux activistes de la branche armée du mouvement radical Jihad islamique ont été tués et trois personnes blessées. Cette branche armée a immédiatement annoncé son intention de riposter aux "crimes" israéliens. Cette flambée de violence est survenue une semaine après le sommet d'Aqaba (Jordanie), au cours duquel le président américain George W. Bush avait tenté de relancer le processus de paix. Selon la radio publique israélienne, l'armée a reçu carte blanche du gouvernement pour "écraser totalement" le Hamas. Elle a coupé en deux la bande de Gaza et encerclé le camp de réfugiés de Tulkarem, en Cisjordanie. Pour sa part, le ministre israélien de la Sécurité intérieure, Tzahi Hanegbi, a menacé de mort les chefs du Hamas, affirmant qu'ils ne disposaient "d'aucune immunité". Il a laissé entendre que cheikh Ahmed Yassine, chef spirituel du Hamas, pourrait être la cible d'une opération de liquidation semblable à celle lancée par l'armée mardi, à Gaza, contre Abdelaziz Rantissi, l'un des chefs politiques du Hamas. Il avait été blessé. "Israël n'a aucune intention de changer la politique qui vise à frapper les chefs terroristes, et il est évident que nous n'avons aucune intention d'attendre que les services de sécurité palestiniens parviennent à mettre fin aux attentats", a averti le Premier ministre Ariel Sharon lors d'une réunion de son cabinet. M. Hanegbi a cependant confirmé que M. Arafat bénéficiait d'une "immunité", M. Sharon s'étant "engagé auprès des Etats-Unis à ce qu'Israêl ne s'en prenne pas physiquement" à lui. La Maison-Blanche a attribué au Hamas la responsabilité des violences. "Ce qui est important est que tout le monde dans la région travaille ensemble pour vaincre le Hamas et les organisations terroristes violentes", a affirmé le porte-parole de la présidence, Ari Fleischer. Le secrétaire d'Etat Colin Powell a également appelé la communauté internationale à combattre le Hamas. "Chaque pays dans le monde doit dénoncer et taper sur le Hamas et le Jihad islamique, leur couper toute source de financement", a-t-il déclaré. Le Premier ministre palestinien Mahmoud Abbas s'est engagé à tenter de convaincre les factions armées d'accepter un cessez-le-feu, lors d'un entretien téléphonique avec M. Powell. Pour sa part, un haut responsable de Hamas a accusé hier les Etats-Unis “d'encourager le criminel Sharon” à “mener” la guerre contre le peuple palestinien”. Annan appelle au déploiement d'une force de maintien de la paix Le Secrétaire général de l'ONU Kofi Annan a appelé au déploiement d'une force internationale de maintien de la paix pour mettre un terme aux violences israélo-palestiniennes, dans une interview publiée vendredi par un journal israélien. M. Annan a indiqué au quotidien Haaretz que l'intervention d'observateurs américains pour superviser l'application de la "feuille de route", un plan de paix international prévoyant la création d'un Etat palestinien d'ici à 2005, ne sera probablement pas suffisante pour arrêter l'effusion de sang. "Le mécanisme d'observation qui sera mis en place la semaine prochaine est un début et il pourrait suffire si les parties (israélienne et palestinienne) sont capables de briser le cycle de violence", a affirmé M. Annan. "Durant la période intérimaire, je voudrais voir une force armée de maintien de la paix agir comme force d'interposition entre les Israéliens et les Palestiniens", a-t-il dit, interrogé par le journal à New York.