Le groupement de Gendarmerie d'Alger que commande le colonel Tayebi a déployé tous les moyens, à travers ses 12 compagnies, toutes ses brigades, 3 escadrons routiers et les unités d'élite relevant des DSI et des SSI, ainsi que des brigades cynophiles. Ce dispositif exceptionnel, qui devait durer 48 heures, a été maintenu jusqu'au petit matin du 1er janvier 2009 pour la quiétude de l'Algérois qui venait d'enterrer l'année 2008. Au passage des milliers de voitures venant de l'est comme de l'ouest du pays pour buter sur les rues et ruelles d'une capitale étouffée par la circulation routière, en ce jour de préparatifs de la fête de fin d'année, les gendarmes scrutent les véhicules et autres engins lourds, comme d'ailleurs les personnes, et scannent discrètement, à un rythme proportionné, cette file interminable en vue de parer à l'introduction d'explosifs, de stupéfiants, d'armes prohibées, mais aussi de marchandises pourries ou périmées destinées à la consommation dans les restaurants d'Alger. C'est que nul ne doute que cette opération, qui s'inscrit dans le temps et qui durera 48 heures, touche les quatre coins de la capitale et est synchronisée par les 10 compagnies de la Gendarmerie nationale qui a déployé pour la circonstance plusieurs milliers d'hommes sur le terrain. Un chiffre approximatif au vu des dispositifs mis en place pour parer à toute mauvaise surprise. Supervisée par le lieutenant colonel Bédjaoui El-Haouas du groupement de Gendarmerie nationale d'Alger, en sa qualité d'adjoint du colonel Tayebi, cette descente beaucoup plus préventive que répressive aura permis d'élucider des crimes, des délits et autres atteintes à la santé publique. Car d'aucuns ne doutent que les jours de fête constituent pour les gangs une aubaine pour s'enrichir et commettre l'irréparable au détriment de la sécurité du citoyen. Ainsi et pendant trois jours consécutifs, les gendarmes sont restés sur le qui-vive avec un dispositif exceptionnel, par ailleurs maintenu jusqu'au petit matin du 1er janvier 2009 pour la quiétude de l'Algérois qui venait d'enterrer l'année 2008. De l'alcool chinois à 55° à Palm Beach et 2 gérants d'hôtel écroués Les saisies en cette période de fin d'année sont monnaie courante. Et si les Chinois se limitent pour le moment à devenir des champions dans l'importation du textile, de gadgets dangereux et autres composants informatiques, l'opération menée à Zéralda par la compagnie, que dirige le commandant Farès Maâlem, démontre que les Asiatiques investissent un autre créneau, les alcools. En effet, à la faveur d'une saisie opérée dans un restaurant géré par un Chinois légalement à Palm Beach, les gendarmes ont découvert une liqueur “mortelle”, made in China, à… 55° ! Ceci, en plus de 58 bouteilles de vin et liqueur fabriqués en Chine et d'autres en provenance de Tunisie, et de 274 bouteilles et canettes de bière d'importation, frauduleusement commercialisées dans cet établissement. Le propriétaire du restaurant ne détient pas d'autorisation pour vendre de l'alcool dans son local. Pour le moment, il ne s'agit que d'un cas isolé, et ce, même si les services de sécurité demeurent vigilants et s'interrogent sur la provenance de ces liqueurs étrangères au consommateur algérien. Poursuivant leur mission, les gendarmes de Zéralda ont passé au peigne fin tous les établissements hôteliers de la région. Une opération qui s'est soldée par l'interpellation de 7 couples dans deux hôtels, après vérification d'identité. évidemment, les deux gérants d'hôtel ont été écroués. Ce qui porte le nombre de personnes appréhendées à 16 l'espace d'un contrôle de routine. Crime de sang à El-Harrach et trafic de drogue à Aïn Benian Au fur et à mesure que nous suivons de près ces opérations, on découvre que l'heure est grave dans une capitale où “sommeille” le crime, l'agression et tout genre de trafics. À El-Harrach, ce sont deux individus qui entrent en conflit à cause d'un motocycle de marque Peugeot 103. Le propriétaire voulant récupérer son bien chez son “ami” n'a pas trouvé mieux que de recourir au meurtre. Un crime de sang qui plonge toute la région dans l'émoi en ce jour de fin d'année. La découverte d'un numéro de téléphone chez la victime permettra à la compagnie de Gendarmerie nationale de Beaulieu de localiser le meurtrier, de l'appeler et de “l'inviter” à se rendre. Le présumé coupable se rend alors chez les gendarmes et reconnaît les faits qui lui sont reprochés. Pendant ce temps, un cambriolage caractérisé de domicile est perpétré à Bellevue, à Aïn Benian. Après le dépôt de plainte, la victime identifiera le voleur. Celui-ci n'est autre qu'un multirécidiviste résidant dans un bidonville de la région et reconnu pour avoir cambriolé plusieurs maisons. Après des investigations poussées, les gendarmes opèrent une perquisition de domicile où ils découvriront les objets volés, dont des démodulateurs, des tableaux de peinture, une somme d'argent et des accessoires électroménagers. Mais ce n'est pas fini ! Les gendarmes, accompagnés de la brigade cynophile, ont déterré plus de 4 kilos de kif traité. Une enquête a été ouverte sachant que ce narcotrafiquant n'a pas opéré seul lors du vol, d'une part, et est relié à un réseau de trafic de drogue à Aïn Benian, d'autre part. Dans le même temps, les éléments de la Gendarmerie nationale de Réghaïa ont saisi 9 quintaux de tabac à chiquer sur un transporteur qui ne détient ni registre du commerce et encore moins la facture de la marchandise destinée au marché informel. À Birtouta, c'est un commerçant indélicat qui met en vente, toute honte bue, du poulet complètement avarié. Les gendarmes en patrouille dans cette région ont investi inopinément le local commercial du concerné avant de découvrir 135 kg de viande blanche avariée. D'autres opérations similaires se déroulaient simultanément à Rouiba et ses environs, notamment sur les RN5, 24 et 61, sous le commandement du premier responsable de la compagnie, Réda Boukhenfouf. Un bidonville en chantier démoli et des Marocains clandestins À Dar El-Beïda, une localité de plus de 420 000 âmes, les choses sont complexes. Plaque tournante du trafic routier par excellence, cette localité est également devenue, dans le temps, le point de chute des familles victimes du terrorisme, notamment celles venant des régions de Bouira, M'sila, Aïn Defla et Médéa. Quoi de mieux pour la grande majorité que de décrocher un job dans les exploitations agricoles collectives (EAC) et de s'installer en érigeant des bicoques avec du parpaing et du zinc. Mais qui pouvait se douter en ce jour de fin d'année que d'autres familles allaient se greffer aux côtés de leurs complices qui leur offrent un terrain caché derrière les roseaux pour bâtir un toit. Recensement sur recensement, les autorités locales peinent encore à gagner la bataille contre ces constructions anarchiques sur des terres agricoles. Seul recours pour les pouvoirs publics : la force de la loi. C'est ainsi que les gendarmes de Dar El-Beïda ont procédé à la démolition de 8 baraques fraîchement construites et d'autres en cours d'achèvement, et ce, après avoir alerté les autorités locales. Parallèlement, l'arrivée des clandestins des pays maghrébins et africains fait fureur. Des Marocains, des Maliens et autres Nigériens s'ajoutent à ce décor déjà sinistre pour s'investir dans de petits métiers afin de passer inaperçus et, plus grave, pour escroquer des Algériens encore naïfs en leur proposant toutes sortes de “marchés” : trafic de l'euro, drogue et prostitution. Evidemment, ceux qui sont tombés dans le panneau l'ont doublement payé. Non seulement, ils encourent des peines lourdes pour ces trafics et perdent leur argent, mais ils sont passibles de justice et de prison pour soutien à l'immigration clandestine et hébergement illégal d'étrangers. Cette opération a permis l'arrestation de 4 étrangers en situation irrégulière en Algérie. Sur un autre plan, Dar El-Beïda est aussi une localité qui couvre 10 réseaux routiers, entre chemins de wilaya et routes nationales. Ce qui lui vaut le qualificatif de “région transit”. La compagnie de Gendarmerie nationale de Dar El-Beïda, que dirige le commandant Yassine Azzizi, a déployé pour la circonstance tous les moyens humains et matériels pour réussir cette opération qui s'inscrit dans la lutte contre la criminalité. Cela fera dire au responsable de la communication au Commandement de la Gendarmerie nationale (CGN), le colonel Abderrahmane Ayoub, que “cette opération, comme d'autres, se veut une manière de s'attaquer aux noyaux durs de la criminalité et de la délinquance pour les réduire à néant dans leurs propres fiefs. La menace a changé de camp !” Et de poursuivre : “Ce qui compte aujourd'hui pour nous, c'est la participation du citoyen qui dénonce en temps réel ces phénomènes. Nous considérons cette participation comme un acte de citoyenneté contrairement à la qualification d'acte de délation. Du coup, nous avons moins de saisies d'armes blanches, comme les couteaux et les sabres, comme nous avons de moins en moins d'agressions. Ce que je veux dire, c'est que nos éléments ont réussi à déstabiliser la criminalité et à démanteler plusieurs réseaux. Ce qui est considérable par rapport aux années précédentes.” Au-delà du bilan fructueux, le groupement de Gendarmerie nationale d'Alger a décidé de maintenir ce cordon sécuritaire, en plus du déploiement d'autres patrouilles, durant la nuit du 31 décembre 2008 au 1er janvier 2009 pour assurer une sécurité maximale dans la capitale et permettre aux familles de circuler en toute quiétude. “Le plus important pour nous, c'est de sécuriser au maximum les accès à la capitale et de permettre aux citoyens d'Alger de passer une fête en toute quiétude. Nous allons accentuer l'identification des personnes comme nous allons intensifier le contrôle des périmètres isolés d'où peut surgir la menace”, explique encore le lieutenant colonel Bédjaoui El-Haouas. Celui-ci a, enfin, avoué, qu'un bilan exhaustif de la lutte contre la criminalité durant l'année 2008 dans le Gand-Alger sera établi dans les tout prochains jours. F. B.