Malika était une femme curieuse. Depuis son jeune âge, elle avait ce défaut (propre d'ailleurs aux femmes) d'épier son voisinage et son entourage immédiat. Combien de fois, n'a-t-elle pas reçu une correction de son paternel ou de ses frères pour avoir extrapoler sur une personne ou une autre, ou pour avoir mener une enquête fort tapageuse sur les multiples préoccupations de ses voisins, ou pire sur leurs fréquentations. A l'âge adulte Malika est restée telle qu'elle était. On pourrait même plutôt dire, que son vice avait mûrit et prit des proportions alarmantes. Malgré tout, elle réussit tant bien que mal à se caser, et se trouva mariée à son cousin germain, qui l'aima d'un amour sincère, tout en essayant de corriger en elle ce défaut de jeunesse dont elle n'arrivait pas à se débarrasser. En vain. Malika passait la quasi totalité de son temps libre, accrochée à la balustrade de son balcon, et passait pratiquement d'une conversation à une autre avec les commères du voisinage qui puisaient chez elle, des informations fort précieuses. Deux années après son mariage, Malika mit au monde un adorable petit garçon; ce qui ne l'empêcha pas dès son retour de la clinique de s'enquérir des nouvelles du quartier, et de demander aux voisines venues la féliciter, les dernières "informations". Un matin, Malika se réveilla sur un grand vacarme au bâtiment d'en face. Son mari étant déjà parti au boulot, elle n'hésita pas à ouvrir toute grande sa fenêtre pour rigoler du spectacle insolite qui s'offrait à ses yeux. En vérité en guise de spectacle, il n'y avait qu'un malheureux couple qui s'entre-déchirait à coups de griffes et d'engueulades. Malika riait à gorge déployée, en prenant à témoin quelques voisines qui comme elle, s'y prêtaient gracieusement en spectatrices. Mais voilà qu'à toute cette hilarité, vint s'ajouter les cris du bébé qui tirait de son sommeil par tout ce bruit, réclamait son biberon. Malika s'empressa donc de l'allaiter, puis l'enveloppa dans une grande couverture, et le remet précipitamment dans son berceau avant de retourner à sa « précieuse » fenêtre. Une heure plus tard, le couple finit par se calmer, et les voisines retournèrent à leurs occupations après avoir papoter un bon moment sur cette scène de ménage matinale et fort tapageuse. Malika à qui n'échappa pas aucune parole ni aucun geste, se promettait intérieurement de faire un compte-rendu aux voisines qui n'avaient pas eu la chance d'assister au remue-ménage d'en face. Elle consentit enfin à retourner à ses occupations et commencera par mettre de l'ordre dans sa chambre. Sans perdre plus de temps, elle se saisit de la couverture dans laquelle était enveloppé son bébé, et se met à la secouer violemment par la fenêtre. Si violemment qu'elle n'entendit pas les cris du malheureux bébé qui se fracassa instantanément le crâne sur le sol cimenté du bâtiment. Malika se rendit compte fort tard de cette "indélicatesse", et se met à pousser de très grands cris. Le bébé fut évacué sur l'hôpital le plus proche, mais ne survécu point à ses blessures. Quand son mari rentra le soir, Malika reçu la raclée de sa vie, et fut renvoyée le jour même de son domicile conjugal. Malgré cette malheureuse expérience, Malika qui vit dorénavant chez ses parents, continue à épier de par sa fenêtre, le quartier, le voisinage et bien sûr, ses proches. Y. H.