Longtemps considérée, à tort, comme maladie bénigne, la grippe fait chaque année de nombreuses victimes parmi les populations les plus vulnérables (diabétiques, les malades cardiaques, les asthmatiques, les patients en immunodépression, ayant un faible taux de globules blancs, etc.). “Le vaccin demeure la meilleure parade contre cette maladie. Nous encourageons les personnes de plus de 65 ans et les malades chroniques de se faire vacciner, d'autant que le vaccin est pris en charge à 100% par la sécurité sociale.” C'est ce qu'a déclaré hier le docteur Derrar Fawzi, directeur du Central national de référence pour la grippe, au Forum d'El Moudjahid. Le même interlocuteur se plaint de l'absence de chiffres fiables, ce qui, à son avis, freine les efforts des responsables de la santé qui comptent réaliser les recommandations de l'Organisation mondiale de la santé, invitant les Etats membres à atteindre un taux de couverture de 75% parmi la population ciblée. Pour sa part, le Dr Mahdi Hocine, directeur des opérations de vaccin de Sanofi Pasteur, rappelle que la vaccination est une opération bénéfique sur le plan économique car elle diminue la facture de la prise en charge des malades et l'absentéisme dû aux épidémies qui surviennent chaque année. Il révèle que pas moins de 1,1 million de doses de vaccin ont été déjà vendues. “Un vaccin coûte 470 dinars. La prise en charge d'une personne malade peut atteindre 3 000 DA en cas de complications”, explique le Dr Mahdi. Il déclare aussi que pas moins de 100 000 doses sont d'ores et déjà disponibles. Le directeur du Central national de référence pour la grippe espère que tous les citoyens ouvrant droit au remboursement puissent se faire vacciner. “La grippe peut provoquer des complications chez les personnes vulnérables. Il s'agit le plus souvent de pneumopathies. Une personne vaccinée est prémunie contre les complications même si dans quelques rares cas elle tombe malade”, ajoute le Dr Derrar. Dans un documentaire projeté pour les participants au forum, un responsable américains a révélé que 200 enfants meurent chaque année de la grippe. Les deux conférenciers ont insisté sur les avantages du vaccin qui peut être administré à tout le monde, exceptées les personnes allergiques au jaune d'œuf. “Le vaccin peut être administré aux enfants et aux femmes enceintes”, dit le Dr Mahdi. Il rappelle l'épisode de la grippe espagnole de 1918 qui avait fait 20 millions de morts pour démontrer que cette maladie n'est pas à pendre à la légère. Il met en garde contre les risques de la grippe aviaire maintenant qu'il est prouvé qu'elle peut toucher l'être humain. Effectivement, et depuis 1997, 18 cas de personnes infectées par le virus de la grippe aviaire ont été recensés. Pour parer à toute éventualité, l'Organisation mondiale de la santé a créé 4 centres de référence pour la grippe pour suivre l'évolution de la maladie et sélectionner, chaque année, les virus entrant dans la réalisation du vaccin. Le responsable de Sanofi Pasteur a affirmé que les structures existant en Algérie sont capables de réaliser la répartition stérile (confection de doses individuelles de vaccin). En cas de besoins urgents, l'Algérie importera des fûts et les laboratoires Pasteur élaboreront les doses individuelles. Il s'agira alors de réaliser un gain de temps important. Les deux conférenciers ont émis le vœu de voir le vaccin contre la grippe inscrit dans la liste des médicaments essentiels des malades démunis. Djafar Amrane