La victoire de John Atta-Mills, dans le deuxième tour de la présidentielle du Ghana, annoncée en début de semaine, est une première en Afrique. Le passage du pouvoir à l'opposition s'est fait et plus est dans la paix, sans effusion de sang et sans aucune contestation de la part du perdant. Cerise sur le gâteau, le nouveau président du Ghana, âgé de 64 ans, est professeur et a mené surtout une carrière académique à l'université de son pays. John Atta Mills a gagné, après dépouillement des voix dans la circonscription de Tain, où l'on avait voté vendredi. La prise en compte du résultat dans cette dernière circonscription à avoir voté donne 50,23% en définitive au plan national pour Mills contre 49,77% pour le candidat du parti au pouvoir, Nana Akufo-Addo, du NPP (Nouveau parti patriotique). Des problèmes techniques avaient empêché le déroulement du vote dans la circonscription de Tain la semaine dernière et cela n'a pas donné lieu à quelque incident que ce soit. Ce qui est rarissime dans le continent où les dernières présidentielles se sont mal terminées, comme au Kenya ou au Zimbabwe, la caricature de la dictature africaine. Avant cet ultime vote, Mills, candidat du Congrès démocratique national (NDC, opposition) arrivait déjà en tête avec 50,13% des voix devant Nana Akufo-Addo, candidat de la formation du président sortant John Kufuor, crédité de 49,87% des suffrages. Une autre nouveauté, l'ancien président Kufuor ne s'est pas représenté comme la quasi-totalité de ses pairs africains. Kufuor s'est inspiré du monument de l‘Afrique du Sud, Nelson Mandela, qui n'a fait qu'un seul mandat pour encourager l'alternance en Afrique. Atta-Mills a fait ses écoles au Ghana avant de décrocher un doctorat en droit dans School of Oriental and African Studies (SOAS) à Londres à l'âge de 27 ans pour sa thèse dans les domaines de la taxation et du développement économique. Mais, le diplôme en poche, il est revenu dans son pays pour enseigner à l'université du Ghana où il a décroché son surnom de “Le Prof”. De 1997 à 2000, Le Prof a été appelé par le président Jerry Rawlings pour conduire l'équipe qui a supervisé le système de taxation du Ghana et le fonctionnement d'un Fonds de l'éducation national. John Atta-Mills s'est d'ailleurs présenté comme le dauphin désigné de Rawlings. Il s'était présenté deux fois contre John Kufuor, en 2000 et en 2004, un président des plus respectés en Afrique. Se décrivant comme un social-démocrate, Atta-Mills s'appuie largement sur les idées du bien-être social du leader de l'indépendance Kwame Nkrumah, et appelle à mettre en place une plate-forme politique “plus inclusive mais moins polarisante”. D. Bouatta