Paru en octobre dernier, aux éditions française Aube, La jeune Afghane et la guerre, de Jed Elkenz, est un des romans de la rentrée 2008/2009. Fort, percutant et douloureux, La jeune fille Afghane et la guerre revient sur la vie volée et les rêves violés d'une petite fille, Rokhsana, dans l'Afghanistan en guerre et en sang. Douce et attachante, le destin de Rokhsana est pris en étau : d'un côté, l'invasion soviétique avec ses hélicoptères, ses chars et autres appareils de combat ; de l'autre, les groupes armés résistants, “libérateurs… passant plus de temps à disputer les territoires qu'à combattre l'ennemi”. Un désastre, certes, et beaucoup de similitudes avec une certaine Algérie pas très lointaine… Le récit sur fond de guerre est aussi celui de passions diverses, de l'émoi amoureux – à peine soupçonné, effleuré, suggéré — et de la douce tendresse filiale (entre un combattant vénérable et sa petite-fille). Voulant faire de sa 8e œuvre un hymne à la paix, Jed Elkenz, Bouchan Hadj-Chikh de son vrai nom, conjugue talent de conteur et poésie remarquable. Il réussit également à élaborer un texte épique sur la résistance et la bravoure, ainsi qu'une synthèse réussie entre le réel poignant et cruel, et l'onirisme… l'imaginaire. L'auteur Jed Elkenz récidive donc en littérature, après son roman l'an dernier, Les barbelés du village nègre, chez Casbah Editions. Multipliant les fonctions, ce natif d'Oran a été journaliste, puis correspondant à Paris de l'APS, et même rédacteur en chef de l'Agence panafricaine de l'information à Dakar. Il a également été fonctionnaire des Nations unies et a travaillé sur plusieurs programmes de développement, notamment en Afghanistan. La jeune Afghane et la guerre, qui traite encore une fois du conflit afghan, et qui rappelle à bien des égards Les Hirondelles de Kaboul, de Yasmina Khadra, ou Syngué Sabour de Atiq Rahimi (Goncourt 2008), est un concentré de sensibilité, de révolte contenue et d'humanité. Une langue élégante et fluide. Un roman vrai, à découvrir et savourer. Nazim Hikmet ? Brassens ? Prévert ? Il y a de cela et bien plus… Fatiha Seman “La jeune Afghane et la guerre”, roman, 144 pages, Aube (Collection Regards croisés), octobre 2008