Conséquence première de la crise économique et financière internationale, la réduction de la consommation dans les pays développés, cependant que les gouvernements de ces états se lancent dans une prospective visant à un redressement de la situation… et, en la matière, le prix du baril de pétrole tient une place importante dans leurs visées, au détriment des pays producteurs qui se doivent d'assurer la défense de ce même prix en tant qu'atout principal de leur économie. Pris dans leur globalité, les pays de l'Opep sont à un tournant décisif de leur histoire face à une crise financière internationale, qui n'en est qu'à ses balbutiements, selon l'avis d'experts difficilement contestables. Et, si l'on vient à estimer que la chute du prix du baril de pétrole est une conséquence directe de cette même crise, d'appréhender, donc, pour les pays exportateurs, membres de l'Opep ou pas, une chute encore plus prononcée et qu'il s'agit, d'ores et déjà, de contrecarrer par plusieurs mesures dont la réduction de la production ne doit pas être la seule à retenir l'attention des dirigeants des pays producteurs. Face à des fluctuations et autres jeux boursiers difficilement contrôlables et ayant conduit, via Wall Street, à cette crise mondiale, de soupçonner, voire comprendre, que les pays fortement demandeurs de pétrole ont trouvé, là, l'occasion de se mettre d'accord sur une parade contre une envolée du prix du baril qu'ils ne parvenaient pas à endiguer. De fait, la demande de pétrole pouvant connaître une baisse, de comprendre ou soupçonner que celle-ci est ou serait due au recours de réserves nationales, telles celles des USA considérées comme stratégiques en cas de grave conflit armé entraînant une forte réduction si ce n'est un arrêt total des approvisionnements. Le même scénario n'est pas assimilable au niveau de l'Union européenne, laquelle, néanmoins, tire bénéfice de la réaction des états-unis avec ce que celle-ci a influé sur le prix du pétrole, l'entraînant à la baisse subite et rapide que l'on sait. Là, de se dire, forcément, en termes de perspectives, que l'Union européenne, dépassant un certain esprit concurrentiel avec les USA, au niveau mondial, sera à considérer comme un parfait allié des américains dès que s'agissant de pétrole. Que cette crise économique entraîne celle très particulière des secteurs automobile et bien d'autres en Europe et en Amérique du Nord ne doit pas signifier, pour autant, une baisse brutale et continue du prix du baril ; celle-ci pouvant être, quelque part, le fait de manipulations visant à réduire les dépenses extérieures des pays grands consommateurs de pétrole ; une façon bien précise, pour ces pays, de ne pas devenir débiteurs des pays producteurs… D'un point de vue économique, stratégique et d'envergure planétaire concernant le pétrole, la balle est bien dans le camp de l'Opep, à celle-ci de prendre toutes les dispositions en vue de renforcer, comme jamais, le rôle et les objectifs qu'elle s'est assignés lors de sa création, quelque peu affaiblis à des périodes données, faute d'unanimité de la part des pays membres. Aujourd'hui, c'est cette même unanimité qui fera ou ne fera pas que l'Opep gagne cette bataille, somme toute économique, au profit des pays et peuples qu'elle représente. Clairement, le prix du baril de pétrole est, actuellement, l'un des instruments-clés d'une stratégie financière internationale consistant, pour les grands pays consommateurs, à réduire leurs dépenses pétrolifères ; usant, pour ce faire de stratagèmes boursiers et autres argumentations tendant à faire croire à une très forte baisse de la consommation de pétrole, essence, gas-oil et tutti quanti. Aussi, de savoir si l'Opep saura éviter toute divergence en ce qui concerne l'offensive dont elle fait l'objet et, de ce fait, arrêter les ou la mesure à même de rétablir une valeur minimale bien réelle du baril de pétrole, cependant que celle-ci restera ouverte à une hausse, en fonction d'un marché dont les règles restent à être mieux maîtrisées de la part des pays producteurs détenant, là, une arme de protection efficace contre cette mondialisation économique ne tenant aucun cas des priorités nationales. Tout comme à sa création, l'Opep en est à un stade très décisif ; la crise internationale actuelle devant lui servir de détonateur pour une confirmation de sa vision et de ses objectifs, avec ce que cela suppose d'enrayement des agressions séparées dont font l'objet, directement ou indirectement, les grandes zones de production pétrolifères… à ce point, d'en venir à admettre que les fluctuations boursières du prix du baril pourraient être un dérivatif tendant à occulter toutes les autres réalités se rattachant à ce même prix du baril, aussi bien d'un point de vue géostratégique que géopolitique mondial. Larbi R. Abahri