Le Théâtre national algérien Mahieddine-Bachtarzi a abrité, hier matin, un grand rassemblement d'artistes algériens qui ont joint leurs voix à celles du monde entier pour soutenir le peuple palestinien endeuillé et blessé dans la chair de sa chair. Cette louable démarche, organisée conjointement par le Théâtre national algérien et l'Office national pour la culture et l'information (ONCI), s'inscrit dans l'action de solidarité envers le peuple palestinien. Conforté par la présence de la ministre de la Culture, Khalida Toumi, et la star du raï, Khaled Hadj Brahim, ce rassemblement tend à démontrer l'engagement de la famille artistique algérienne et son refus humainement catégorique de l'inhumanité israélienne. Les artistes algériens ont commencé à affluer pour investir, dès 10h30, la place Abdelkader-Alloula, citons entre autres Sid Ali Kouiret, Sonia, Saïd Hilmi, Mohamed Lamari, Bahia Rachedi, Salah Ougrout (alias Souilah), Abdellah El Menae, etc. Menée par la ministre, Mme Toumi, l'ambassadeur de la Palestine en Algérie, Mohamed El Halouani, le directeur du TNA, M'hammed Benguettaf, le directeur de l'ONCI, Lakhdar Bentorki, et d'autres officiels, l'assistance, armée de drapeaux palestiniens et algériens et de banderoles décorées par des photos de victimes et des coupures de journaux qui rendaient bien compte de la gravité du drame palestinien, a observé une minute de silence pour les martyrs de Gaza, avant d'écouter les hymnes nationaux algérien et palestinien. Mme la Ministre a, dans une déclaration, appelé au boycott, voire à l'embargo sur Israël, elle a même considéré que “Israël s'adonne à une extermination de la race palestinienne. Les pays arabes doivent cesser toutes relations avec Israël.” De son côté, M'hammed Benguettaf a condamné l'action d'Israël, allant même jusqu'à affirmer que “ce qui se passe en Palestine est un holocauste.” En effet, après avoir subi l'holocauste, joué les victimes et entamé un processus de victimisation qui dure depuis des décennies, Israël passe à l'offensive et joue les bourreaux. Quelle ironie du sort ! Dans l'après-midi, Echos de plumes, l'espace culturel du TNA, a organisé une rencontre poétique dédiée à la Palestine. Une dizaine de poètes ont déclamé le verbe et tenté de dire l'innommable, l'inavouable : la guerre et la souffrance de tout un peuple meurtri dans sa chair, chassé de sa terre et condamné à souffrir dans une spirale d'injustice… de hogra. Les étudiants de l'Institut national des métiers et des arts de la scène (Ismas) ont également préparé une petite projection, hommage à la Palestine. Condamner, désapprouver, manifester, donner… que peuvent faire les artistes, voire les peuples du monde entier à part cela ? La colère est en tout cas universelle, mais en attendant, le nombre des martyrs palestiniens continue d'augmenter dans une guerre injuste et guère équitable… qu'ils n'ont pas choisie. La Palestine violée et violentée, orpheline de son chantre Mahmoud Darwish, pleure encore ses enfants. Le rassemblement d'hier, plutôt la marée humaine, qui a donné la chair de poule à plus d'un, a surtout fait tomber les masques, nous confrontant ainsi à l'implacable vérité de la guerre dans un inextinguible conflit israélo-palestinien qui prend des allures alarmantes. Sara Kharfi