Né Espagnol et mort Mexicain, Luis Buñuel est l'un des fondateurs du cinéma surréaliste. Sa démarche artistique a été de “dribbler” le réel, de le transgresser, de le pervertir et démystifier. Luis Buñuel a tenté et réussi de chasser les évidences, d'aller au-delà du paraître. Emblématique et représentative, l'œuvre de Luis Buñuel a marqué tout une génération de cinéastes et il a filmé le monde tel qu'il le voyait et tel qu'il le ressentait. Est-ce pour autant la véritable image du monde ? La question demeure en suspens et la visibilité des films de Buñuel mène vers le chemin de l'élucidation de cette énigme. La salle El Mouggar à Alger abrite, depuis avant-hier, un cycle cinématographique dédié à Luis Buñuel. Et pour l'inauguration de cette louable manifestation, Eduardo Roldan, l'ambassadeur du Mexique en Algérie, Alejandro Pescador, conseiller à l'ambassade, Fernando Gutirrez, attaché culturel, ainsi que Francisco Corral, directeur de l'Instituto Cervantes, étaient présents. Après un long discours de M. Pescador, où il est revenu sur l'apport du cinéaste Buñuel au cinéma mexicain, espagnol et universel, place à la projection de Viridiana. Palme d'or au Festival de Cannes en 1961, Viridiana avait soulevé à sa sortie un véritable tollé. Certains y ont vu une satire politique, alors que d'autres ont perçu ce film comme blasphématoire et insultant envers la religion. Car le cinéaste joue — et c'est là sa force — sur les symboles et les fondements mêmes de la religion, particulièrement dans ce film. Dans Viridiana, Luis Buñuel relate l'histoire de la jeune et belle Viridiana qui, avant de prononcer ses vœux pour devenir nonne, va rendre visite à son oncle et bienfaiteur. Ce dernier, troublé par la ressemblance de Viridiana avec son épouse, morte le soir de leurs noces, essaie par tous les moyens de la garder près de lui. Viridiana refuse sa demande en mariage et décide de partir, mais l'homme, rongé par le remord, se suicide. Viridiana rongée par le remord retourne au domaine de son oncle et décide de consacrer sa vie aux autres. Elle recueille un groupe de pauvres et de mendiants, leur offre un toit et de la nourriture. Mais un soir, alors qu'elle se rend en ville avec son beau cousin qui la trouble et la servante, devenue la maîtresse de cet homme, le groupe des sans-abris fait la fête. À son retour, elle est choquée et échappe de justesse à une tentative de viol. Bousculée dans ses propres croyances et blessée dans un monde où les apparences sont bien trop souvent trompeuses, elle cède à l'appel de la chair et de la vie et renonce entièrement à Dieu, notamment en brûlant la couronne d'épine, représentative du chemin de croix, un des fondements même de la chrétienté. Les subtiles allusions à la religion ne s'arrêtent pas à ce point, puisque Buñuel parodie la Cène, ou le dernier repas de Jésus avec ses Apôtres. Entre le rêve et le réel, le perceptible et l'imperceptible, Luis Buñuel joue avec son spectateur, avec des images drôles, parfois oppressantes, et le plus souvent éloquentes. En outre, l'année 2010 est un évènement pour les Mexicains du monde entier, puisqu'elle marque le centième anniversaire du déclenchement de la Révolution mexicaine. Ainsi, toutes les activités qu'organisera l'ambassade du Mexique à Alger entreront dans ce cadre. D'ailleurs, parmi ces activités, un concert symphonique, le 28 février prochain au Théâtre national algérien Mahieddine-Bachtarzi, avec le maestro mexicain Alejandro Sanchez Navarro, et l'Orchestre symphonique algérien.