Que ce soit dans les forums, les sites (et logiciels) de tchat, par courriel, Gaza est incontournable sur la toile. La “tendance” est mondiale et elle est encore plus persistante chez nous. Depuis le 27 décembre dernier, c'est surtout Facebook, le réseau social mondial de la toile, qui est devenu pour les internautes algériens un véritable exutoire. C'est sur ces pages qu'ils expriment le plus leurs “sensations” et frustrations devant le génocide que subit Gaza. Il ne se passe pas un jour sans que des Algériens ne créent un nouveau groupe sur l'holocauste que subissent les Palestiniens. Les groupes mondiaux aussi sont “envahis” par nos internautes qui donnent l'impression de chercher n'importe quel espace dans lequel ils peuvent se défouler. C'est aussi une autre preuve de l'absence totale d'espaces d'expression. C'est aussi la preuve bien tangible de la défaite des partis politiques dont c'est le premier rôle de canaliser toutes les forces. Mais ceci est bien un autre sujet. En revenant à Facebook, et pour avoir une idée sur la déferlante actuelle, il suffit de surfer sur les nombreuses pages pour en être établi. Des chiffres ne peuvent qu'aider à y voir plus clair. Pour le début de la journée d'hier, et sur les 20 derniers groupes créés sur le réseau, pas moins de 13 concernent Gaza. Les titres et énoncés sont dans toutes les langues : arabe, français, anglais et autres. Ça va de “Let's collect 500 000 signatures to support the Palestinians in Gaza”, ou encore “khalina anchoufe idha moumkine nedjmaê malyoune chakhsse arabi dhida israel khilal 90 yawme” (qu'on puisse voir si c'est possible de réunir 1 million d'Arabes contre Israël en 90 jours) jusqu'à “une prière pour Gaza”. Nous avons même trouvé beaucoup d'Algériens membres d'un groupe au nom aussi annonciateur de leur état d'esprit actuel “Les signes de fin du monde”, dont le nombre d'adhérents avoisine les 18 000. D'ailleurs nous avons fait un petit effort arithmétique pour essayer de connaître le nombre des membres des 13 groupes et nous en avons dénombré presque 330 000 entre Algériens et autres. Dans tous ces groupes, les messages sont très nombreux et tous vont dans le même sens : dénonciation de l'agression sauvage de Tsahal, et surtout très grande émotion devant les images des victimes. Au passage, les dirigeants arabes ne sont évidemment pas épargnés par les critiques les unes plus acerbes que les autres. Aussi sur la majorité des profils, les photos “perso” ont disparu et ont été remplacées par les drapeaux palestiniens et les “tous avec Gaza”. Facebook a également ses “envoyés spéciaux” algériens, matérialisant ainsi une des nouvelles facettes de ce que certains nomment le journalisme citoyen. C'est que beaucoup parmi ceux qui ont participé aux manifestations de soutien au peuple palestinien ont mis sur leur page des photos et des vidéos prises lors des nombreux rassemblements qui se sont déroulés dans plusieurs villes à travers le monde. Les manifestations de Paris et de Montréal ont été celles qui ont suscité le plus grand nombre de commentaires surtout qu'on pouvait remarquer de très nombreux drapeaux algériens brandis sur place. En plus des groupes et des reportages “citoyens”, le réseau social est aussi une vitrine pour lancer des initiatives. Aux premiers jours des attaques israéliennes plusieurs tentatives de meeting ont été lancées. De l'appel à l'aide du genre “je cherche de l'aide pour organiser un regroupement à la rue Victor-Hugo (du côté d'Alger-Centre, ndlr) le plus vite possible !” vers les SOS du genre : “Y en a marre de la hogra. Je veux faire quelque chose mais je ne sais pas quoi ! Qui peut m'aider ? J'ai envie de faire quelque chose…n'importe quoi pour au moins exprimer ma haine d'Israël.” Cependant, et avec la “prolongation” du massacre permanent des Palestiniens de Gaza, les initiatives deviennent plus au moins mieux élaborées sur Facebook. Nous avons pu en dénombrer au moins deux qui donnent rendez-vous pour ce jeudi. La première consiste en une manifestation à laquelle ont appelé plusieurs jeunes (des étudiants dans leur majorité) pour une marche “pacifique et silencieuse” du côté d'Alger-Centre. La seconde concerne le 7e art et est lancé par l'organisation d'un ciné-club dédié aux Palestiniens et qui est prévu pour demain à 15h au cinéma Takafa (Ex-ABC) d'Alger. Entre temps, la mort à Gaza n'est pas virtuelle. Sur place les touches de clavier sont remplacées par les bombardements et… l'écran est rouge de sang. Salim Koudil