De la Tchétchénie à l'Afghanistan en passant par l'Irak et maintenant Gaza. Les islamistes ont pris en otage le discours de la solidarité, de la morale et de la lutte contre l'oppression. Quoi qu'en pense Goulamallah, les mosquées algériennes échappent encore et toujours au contrôle de l'Etat. La démonstration de force que veulent faire les salafistes ce vendredi en faveur de Gaza en est la preuve. Après plus de 12 ans de terrorisme sanglant, les Algériens n'ont toujours pas trouvé l'apaisement dans les lieux de culte. Autrefois, des maisons de Dieu dépolitisées et pacifiques, les mosquées sont devenues, malgré elles, et à cause d'un prosélytisme intensif des islamistes, des antichambres de la haine et du refus de l'autre. Combien de jeunes Algériens ont-ils entendu des prêches d'amour et de compassion dans ces lieux ? Combien ont été endoctrinés pour servir de chair à canon à l'extrémisme religieux ? Combien d'entre eux se sont transformés en machines programmées de l'intolérance si ce n'est de la mort. La mosquée n'est pas à l'abri des charlatans et des imams amateurs de djihad tous azimuts. Toutes les causes, même les plus éloignées, ont fait l'objet de prêches. De la Tchétchénie à l'Afghanistan en passant par l'Irak et maintenant Gaza. Les islamistes ont pris en otage le discours de la solidarité, de la morale et de la lutte contre l'oppression. Ils ont phagocyté les consciences jusqu'à rendre la religion au service de leur avancée politique et sociale. Avec le drame de Gaza, la coupe est pleine. Des slogans d'étudiants choquants appelant le président Bouteflika à prendre une décision — laquelle ! — ou à donner des kalachnikovs pour aller combattre Israël. Des sorties de facultés où l'on entend “talaba, taliban”. L'ignorance qui ronge aussi bien les salles de prière que les bancs des amphis. Pour ces jeunes qui n'avaient pas fait leurs dents de lait quand Benhadj faisait sortir des milliers de pauvres militants dans les rues pour l'Irak, il faut probablement leur rappeler que l'Algérie a payé le prix du sang et qu'on aurait aimé voir autant de jeunes “responsables” sortir pacifiquement dans les rues pour dire NON au terrorisme en Algérie. Il faut également étudier les causes du terrorisme en Algérie sous le prisme palestinien. Boumediene a fait monter Arafat à la tribune des Nations unies et nous avons mis plus de 20 ans à payer la facture d'être le porte flambeau des mouvements de décolonisation et de la création de l'Etat palestinien sur les terres algériennes. L'Algérie n'a, de ce fait, de leçons à recevoir de personne, ni au nom de la fraternité arabe biaisée ni au nom de l'islam revu et corrigé par la salafia. M. B.