Le ministère de l'Intérieur a rendu public, hier, un démenti catégorique à l'information faisant état de la création (au niveau de ce département) d'une cellule spéciale chargée d'étudier les recours pouvant conduire à l'invalidation du 8e congrès du FLN. Le ministère “dément catégoriquement cette information fantaisiste”, accuse les journaux qui l'ont publiée de se focaliser sur de “prétendues formalités” et de prêter à des cadres du ministère des propos relevant de “scoop purement imaginaire”. Un des responsables du FLN, cité par Liberté, faisait remarquer : “L'ordonnance 97-09 relative aux partis politiques ne confère au ministère (de l'Intérieur) aucun droit de regard ni sur le déroulement d'un congrès ni sur ses décisions.” Réponse du département de M. Noureddine Yazid Zerhouni : “En application de la loi régissant les partis politiques, toute modification apportée aux statuts des partis doit faire l'objet d'un examen par les structures habilitées (la Direction générale des libertés publiques et des affaires juridiques, ndlr) pour s'assurer de leur conformité aux dispositions de la loi organique relative aux partis…” Il cite l'article 11 de cette loi, lequel fonde “l'organisation et le fonctionnement internes des partis politiques sur la base des principes démocratiques, en toutes circonstances et dans tous les cas.” Il se trouve que le FLN a modifié ses statuts lors de son huitième congrès. Ce démenti du ministère de l'Intérieur est ainsi accompagné de cette précision qui semble confirmer l'information donnée par ces journaux. La tourmente provoquée dans l'impunité la plus crue par les opposants de Ali Benflis, dont la partie visible est Abdelkader Hadjar, ambassadeur (déserteur) de la République algérienne à Téhéran, peut avoir réveillé la subite curiosité du clan présidentiel dans l'administration. Ce conflit interne n'aurait certainement intéressé que peu de gens si ce n'était la perspective de l'élection présidentielle du printemps 2004. Les précédents n'ayant rien de grave dans un pays comme l'Algérie (la preuve avec la désertion de M. Hadjar de la capitale iranienne, et sa demande de congé spécial ne change absolument rien au procédé) le conflit intra-FLN, combiné à un duel fratricide entre M. Benflis et le chef de l'Etat, risque de montrer la grande fragilité de nos institutions. Messaoud Chihoub, président (FLN) de la commission juridique à l'Assemblée populaire nationale, a droit de rappeler que l'interprétation du ministère de l'intérieur des textes de loi serait contradictoire avec l'esprit de la législation constitutionnelle. Elle témoignerait, cependant, de cet esprit de “responsabilité” des pouvoirs en place, voire de leur grand attachement à la légalité et au droit. Les pièges se referment sur (beaucoup de) leurs auteurs. L. B.