La gravité des faits rapportés par la presse hier a fait réagir le ministre d'Etat. Le ministère de l'In-térieur a rendu public hier un communiqué dans lequel il a tenté de démentir des informations relatives à la mise en place d'une cellule de crise présidée par Yazid Zerhouni en personne et ayant pour charge de trouver le moyen de dégommer «légalement» le secrétaire général du FLN, Ali Benflis. Tout en démentant l'existence d'une pareille cellule, en effet, le communiqué n'en admet pas moins que le cas du FLN, qu'il refuse de citer nommément sans que l'on sache trop pourquoi, est en ce moment observé à la loupe par ses services et que, donc, des mauvaises surprises lui sont peut-être réservées. Après l'affaire Wafa, le département ministériel de Zerhouni a montré de quoi il était capable et donné la pleine mesure de son pouvoir de nuisance quand il s'agit de faire taire des voix dissonantes dans le champ politique algérien. Le communiqué a, ainsi, beau draper ses commentaires et démenti de nombreux lieux communs, le constat reste le même. Zerhouni, une fois de plus, vient de rater une occasion de se taire. «Le ministère de l'Intérieur précise toutefois qu'en application de la loi régissant les partis politiques, toute modification apportée aux statuts des partis doit faire l'objet d'un examen par les structures habilitées ci-dessus mentionnées (le Drag) pour s'assurer de leur conformité aux dispositions de la loi organique relative aux partis politiques qui fonde, comme le stipulent l'article 11 de la loi et les autres dispositions qui en découlent, l'organisation et le fonctionnement interne des partis politiques sur la base des principes démocratiques, en toutes circonstances, et dans tous les cas, sans exception aucune pour quelque parti que ce soit, y compris le parti cité par les deux quotidiens.» En clair, tout en faisant mine de démentir les très graves informations publiées hier par certains journaux, le ministère les confirme en indiquant en filigrane que les documents transmis au ministère pour approbation seraient toujours à l'étude. Mieux, ils risqueraient même d'être rejetés si l'on en croit l'insistance, dans le document, sur le «caractère démocratique» censé être garanti aux partis politiques par le ministère de l'Intérieur. Le ministère, quoique mis à mal depuis quelques jours déjà par les graves révélations le concernant, donne quand même l'air de jouer sur du velours. En effet, il a, à sa décharge, les «plaintes» qui lui ont été transmises par certains «militants» mécontents, dont Abdelkader Hadjar, qui a annoncé publiquement avoir fait cela, n'avoir rien moins que demandé l'invalidation des résultats et résolutions du huitième congrès du FLN. Le communiqué du ministère de l'Intérieur évite même soigneusement de revenir sur la plainte déposée par la direction du FLN contre Yazid Zerhouni. Ce dernier est accusé de «complicité passive» dans ce qui est arrivé puisque les services de sécurité et les autorités locales ne sont pas intervenus au moment où certains sièges de ce parti étaient pris d'assaut par des bandes armées et même renforcées par des chiens et, croit-on savoir, des repentis. Le député Sadek Bouguettaya, membre de la direction du FLN et président de la commission des affaires étrangères au FLN n'y est pas allé de main morte en répondant à Hadjar, lui rappelant, à lui, à Tou et à Barkat, qu'ils ont applaudi lors du congrès à toutes les résolutions, ainsi qu'à la reconduction de Ali Benflis à la tête de ce parti. Reconduction, car beaucoup de gens tendent à oublier que Benflis était déjà secrétaire général de ce parti avant son huitième congrès. En d'autres termes, ces assises, tant décriées et contestées par Hadjar, ne remettent en rien en cause le statut de Benflis en tant que patron du FLN. C'est ce qui fait dire à certains observateurs que «les partisans du plan de déstabilisation du FLN paniquent en en appelant au ministère de l'Intérieur à la suite de l'échec de leur plan d'occupation par la force de certaines mouhafadhate en espérant que les autres tombent comme des fruits mûrs». De son côté, le bureau politique du FLN s'est réuni hier en session ordinaire en vue d'étudier la situation à la lumière des nouveaux rebondissements intervenus concernant cette affaire...