Du 11 au 15 décembre prochain, Timlilith (la rencontre) de Sidi Bel- Abbès autour du film d'expression amazighe est placée sous le slogan cher à l'Unesco : “Pour une libre circulation des idées par le mot et l'image”. Depuis plusieurs jours, et pour la première fois depuis son institutionnalisation, la capitale de la Mekerra s'est attelée à accueillir cette 9e édition du Festival international culturel du film amazigh sous le haut patronage du Président de la République, et qui devait démarrer hier pour se poursuivre jusqu'au 15 janvier prochain. Organisée conjointement par le ministère de la Culture et la wilaya de Sidi Bel-Abbès, cette édition sera abritée par la nouvelle et moderne cinémathèque de la ville qui, rappelons-le, a été entièrement rénovée. Selon le commissaire du festival, “cette édition sera marquée par une forte présence de personnalités cinématographiques et artistiques de renommée mondiale, notamment Azouz Beggag, Ahmed Bedjaoui, Kamel Hamadi, Lounis Aït Menguellet, Safy Boutella et Toufik Fares”. Que du beau monde ! La cérémonie d'ouverture devait se tenir à l'auditorium du rectorat de l'université Djillali-Liabès en présence des autorités locales civiles et militaires, des représentants du ministère de la Culture et de nombreux invités entre intellectuels, artistes et cinéphiles. Au programme figurent 19 films retenus par le comité de sélection en compétition officielle. En effet, 9 courts métrages, 4 documentaires, 4 longs métrages et deux films d'animation seront en lice pour l'Olivier d'Or. Le programme prévoit également la projection de 24 films hors compétition, 6 sur le panorama amazigh et 12 films étrangers. Une belle brochette de réalisateurs qui concourront pour le trophée du festival, l'Olivier d'or, avec des œuvres, sous-titrées en arabe et en français, qui permettront en plus du film amazigh, un regard sur le cinéma suisse pour le film documentaire, le film marocain et belge pour les longs et courts métrages et films d'animation ainsi que le cinéma français dans le panorama amazigh, production 2008 en hors compétition, citons notamment le Pays de la montagne de Rabah Bouberas, Mémoire d'un boycott de Cherif Messaouden, la Femme kabyle de Djelloul Haya, Yugurtha de Madghis Afoulay du Maroc, ou l'Ironie du sort de Ahmed Djenadi. Cette manifestation sera aussi marquée par un regard sur les films post-synchronisés et réalisés en tamazight par la télévision algérienne, en prévision du démarrage de la future chaîne de TV amazighe. Selon les organisateurs, il est prévu également des projections de films à travers de nombreuses localités de la wilaya. Quant au jury, il sera présidé par le cinéaste Ali Mouzaoui et est composé de compétences nationales et étrangères de réputation : le scénariste et journaliste, Kader Kada, le chercheur au CNRS et enseignant à Paris-III, Dr Nedim Gursel, l'universitaire Djouher Amhis Ouksel, le musicien et compositeur, Safy Boutella, le dramaturge et directeur du Théâtre régional de Béjaïa, Omar Fetmouche, Dr Ernest Pepin, Dr Slimane Hachi et le directeur du festival international du film d'Amiens, Jean Garcia. Par ailleurs, après l'Irlande en 2005, le Liban 2007, et la Suisse en 2008, l'édition de Sidi Bel-Abbès verra la participation comme invité d'honneur le cinéma iranien qui est le grand vainqueur des festivals de l'année 2008, y compris à Cannes et qui nous fera découvrir son génie cinématographique en présence de leurs réalisateurs, histoire de créer un partenariat et en vue de la participation des cinéastes algériens au Festival de cinéma de Téhéran. D'autre part, le programme du festival sera alimenté par plusieurs activités : trois tables rondes thématiques animées par un panel de spécialistes algériens et étrangers autour de “Romans adaptés à l'écran” par André Bazin, “Quelle musique pour le cinéma national” par Abdelhakim Méziani et “La critique et la presse spécialisée en cinéma” par Ahmed Bensalah ainsi qu'un concours de scénarii, retenu pour la seconde année consécutive et pour lequel deux lauréats bénéficieront de bourses d'écriture au soutien d'un partenaire. Un regard sur les films doublés et réalisés en tamazight par l'ENTV sera également porté durant cette édition et un florilège poétique multilangue (arabe, amazigh, français, perse, turque et anglais). Un hommage sera également rendu à quatre figures féminines du cinéma algérien sur deux générations : Djamila Bachène, Keltoum, Hadjira Oubachir et Djamila Amzal. Notons, par ailleurs, des séances de dédicace d'ouvrages par des auteurs et artistes et des soirées artistiques. À ce propos, le commissaire du festival, M. Si Hachemi, nous a déclaré : “Par rapport aux précédentes éditions, nous avons changé de démarche ; au lieu d'un colloque classique, nous avons préféré le style de la table ronde qui permet l'implication de plusieurs intervenants, le débat fécond et la maîtrise de la thématique.” Et d'ajouter : “Aujourd'hui, le festival a arraché ses galons et s'impose comme un espace d'expression cinématographique incontournable en Algérie, mais aussi dans le Maghreb. Je peux également affirmer que Sétif a été l'escale de la professionnalisation, Sidi Bel-Abbès sera celle de la maturité.” A. BOUSMAHA