Que s'est-il donc passé pour que le ministre-ami du Président déroge ainsi à une attitude qui a toujours été la sienne ? Rien, en dehors de la gravité de l'affaire, ne semble à même de lui arracher une réaction aussi défensive. Une fois n'est pas coutume, Yazid Zerhouni a réagi, hier, par le biais d'un communiqué de son département, au sujet d'une affaire dans laquelle on le dit gravement impliqué. Le communiqué en question se veut un démenti catégorique à l'adresse de ceux qui lui prêtent un rôle dans l'entreprise de déstabilisation du FLN. C'est connu, M. Zerhouni est sans doute le ministre le plus décrié de tous les gouvernements de l'Algérie indépendante. On détient le record qu'on peut, lui mérite bien le sien. Il a aussi la particularité de “faire et laisser dire”, comme le lui suggère une certaine culture politique qui veut qu'un commis de l'Etat ne se considère pas forcément redevable d'explications vis-à-vis de ses concitoyens-administrés. On devine les efforts qu'il a dû consentir pour rester fidèle à cette ligne de conduite contre les innombrables critiques qu'il a essuyées depuis que Abdelaziz Bouteflika lui a confié le portefeuille sensible de l'Intérieur, en dépit des avis et conseils contraires. Que s'est-il donc passé pour que le ministre-ami du Président déroge ainsi à une attitude qui a toujours été la sienne ? Rien, en dehors de la gravité de l'affaire, ne semble à même de lui arracher une réaction aussi défensive. La gravité de l'affaire, certes, mais surtout les lectures auxquelles donnera lieu, inévitablement, une telle immixtion dans les affaires internes du FLN. En effet, si le ministre de l'Intérieur a fait montre d'une endurance sans faille face aux tirs croisés qui l'ont si souvent ciblé, il ne peut se résoudre à une quelconque passivité devant les implications politiques et leurs corollaires électoraux qu'annonce le procédé auquel il a été acculé : la mise en place d'une “cellule d'invalidation du VIIIe congrès du FLN” ! Avouer être réduit à pareille méthode, ce serait reconnaître que son candidat préféré accuse un grave déficit en soutiens et en appuis, non pas seulement parmi la classe politique, mais aussi dans le cercle de ceux qu'on appelle “les décideurs”. Voilà qui équivaudrait à “jeter l'éponge”, à déclarer sa défaite avant même d'avoir concouru. Intolérable pour Abdelaziz Bouteflika, insupportable pour son ministre de l'Intérieur. D'où le recours à un exercice que celui-ci n'affectionnait pas jusque-là : le démenti. Mais le démenti a ceci de périlleux qu'il peut produire l'effet contraire à celui escompté. C'est chose faite. S. C.