Une simple interprétation sémantique serait à l'origine de l'incident diplomatique entre Alger et N'Djamena. Si les autorités diplomatiques algériennes se sont bien gardées de réagir à la convocation de notre ambassadeur au Tchad, Yazid Zerhouni, qui se trouve à l'origine de l'incident diplomatique entre Alger et N'Djamena, a profité de sa rencontre avec les médias publics pour tenter de se justifier, et d'atténuer les graves conséquences qui en ont découlé sur la diplomatie algérienne. C'est ainsi que le ministre de l'Intérieur, Nourredine Yazid Zerhouni s'est déclaré hier «surpris» que ses propos «aient été déformés par un journaliste» à propos de l'extradition du terroriste Amari Saïfi, alias Abderazak El Para. Le responsable algérien, dans le registre des justifications, se perd en conjectures pour rappeler avoir «dit que nous avons des contacts en vue d'obtenir l'extradition et de faire juger ce criminel à Alger». Cela avant d'ajouter que «quand on parle d'extradition, il s'agit de discussions entre les Etats. C'est un problème de sémantique, c'est sûr, mais la sémantique ne doit pas s'éloigner de la substance». Il est certain qu'une pareille sortie ne peut que tempérer le froid brusquement apparu entre Alger et N'Djamena à la suite de supposés contacts intervenus entre notre pays et la rébellion armée au Tchad dénommée Mdjt (Mouvement pour la démocratie et la justice tchadiennes), qui détiendrait El Para et certains de ses lieutenants, perdus dans les zones de conflit alors qu'ils tentaient de chercher des vivres et des armes dans ces régions sahéliennes. Il n'en demeure pas moins, comme le soulignent des observateurs avertis, qu'une réaction officielle de la diplomatie algérienne est plus que souhaitable. D'autant que la sortie de Zerhouni, lors de sa conférence de presse commune en compagnie de la ministre française de la Défense, ne laissait de doute pour personne, comme le soulignaient tous les médias intéressés par le sujet, et non pas un seul journaliste. Toujours est-il que la «rétractation» du ministre de l'Intérieur, connu pour ses nombreuses sorties «intempestives», relance un peu plus le débat sur le sort véritable d'El Para. Il est absolument inconcevable qu'Alger négocie avec les autorités officielles de N'Djamena à propos de cette question, attendu qu'elles ne disposent d'aucun pouvoir sur cette rébellion armée. Une pareille initiative, que soutient Zerhouni, servirait même l'effet inverse, car elle pourrait déchaîner le courroux du Mdjt, et l'amener à livrer ce très précieux prisonnier à d'autres Etats qui le recherchent, à l'instar de la Libye et de l'Allemagne. Il semble que la version la plus plausible ait consisté en une discrète «extradition» d'El Para vers Alger grâce à une efficace médiation des services libyens qui connaissent parfaitement la région ainsi que les différentes forces qui s'y affrontent.