L'ancien président de la République, Liamine Zeroual, vient de mettre un terme à sa carrière politique en décidant de ne pas se présenter à la prochaine élection présidentielle. Il a donné les raisons de sa décision dans un communiqué qu'il a rendu public hier. Rappelant que sa décision d'organiser une élection présidentielle anticipée en 1998, est motivée principalement par sa conviction que la véritable démocratie passe par l'alternance au pouvoir. Il dira à ce sujet que “l'élection présidentielle anticipée de 1998 n'est ni le résultat d'une manœuvre politique ni des pressions internes ou externes encore moins de l'accumulation des difficultés”, est-il écrit dans le communiqué. Et d'ajouter : “Je l'ai prise (décision de l'élection anticipée) partant de ma profonde conviction que la véritable démocratie ne peut être instaurée sans ouvrir la voie à l'alternance au pouvoir”. Aussi, l'ancien Président a-t-il lié le développement économique durable dans l'intérêt de toutes les couches sociales à la pratique de la démocratie “guidée” par la volonté populaire. Et c'est justement, a-t-il précisé, sur la base de cette conviction qu'il est temps de concrétiser cette alternance qui est la base de la démocratie qu'il a décidé non seulement de ne pas se présenter à l'élection d'avril prochain, mais aussi de mettre fin à sa carrière politique. Il finira par une autre conviction qui en dit long et se veut une réponse à l'insistante demande de se porter candidat qui lui a été faite égratignant implicitement, au passage, les partisans de la non limitation du nombre des mandants. “Je ne crois pas en le messie et à l'homme providentiel”, a-t-il conclu. Avant d'arriver à cette conclusion et au rejet de la sollicitation pour se présenter, Liamine Zeroual a pris le soin de rappeler, dans le détail, les conditions et les motivations qui l'ont poussé à prendre les rênes du pouvoir au milieu des années 1990. Il rappellera son discours du 11 septembre 1998 “En 1994, j'ai accepté de m'occuper des affaires de l'Etat dans un contexte complexe et difficile pour des objectifs essentiels.” “Le redressement national notamment la restauration de la sécurité des biens et des personnes, la reconstruction des institutions, la relance socioéconomique et rendre à l'Algérie sa place dans le concert des nations”, sont les buts énumérés par Zeroual. Au plan de la sécurité, l'époque était à la lutte contre “le terrorisme barbare qui avait pour but de déstabiliser le régime républicain du pays, la destruction de ses capacités économiques et le massacre des milliers de citoyens, des fonctionnaires, hommes de culture pour vider la société de ses compétences”. Et vint la loi sur la Rahma qui a prouvé, selon l'ancien Président, que la voie choisie par les terroristes menait à l'impasse. Passée cette dure épreuve, “il est temps, selon Zeroual, de voir l'avenir, d'ouvrir une nouvelle étape dans la voie de la véritable démocratie et une pratique politique saine, la justice et l'Etat de droit assis sur des institutions fortes issues de la volonté populaire exprimée librement”. L'ancien Président voulait manifestement signifier que la délicate mission qui lui a été confiée a été menée à bien. Et ce n'est qu'une fois ses objectifs atteints qu'il avait décidé de céder sa place en 1998/1999. Son geste devait ouvrir cette nouvelle étape dans la suite de son projet de redressement national par le renforcement des institutions qui ont vu dans la conjoncture marquée par les attentats terroristes. À charge à ceux qui lui ont succédé de poursuivre sa démarche. Il en donnera les indices axés essentiellement sur l'instauration de la démocratie autour de quoi se construisent les autres aspects de la vie du pays : stabilité institutionnelle, développement économique et social avec en soubassement l'alternance au pouvoir. Djilali B.