L'opposition égyptienne accuse Moubarak de fournir à Israël le combustible nécessaire pour faire fonctionner sa machine de guerre, celle qui massacre les femmes et les enfants dans la bande de Gaza. L'Egypte avait commencé au début de l‘année dernière à fournir du gaz naturel à Israël en vertu d'un contrat signé en 2005, par l'intermédiaire du consortium égypto-israélien, EMG. Cet accord prévoit la livraison de 7 milliards de m3 par an de gaz naturel à Israël sur 20 ans à un prix de 0,75 dollar par million d'unités thermiques pour un prix de revient de 2,65 dollars. L'Egypte vend donc à perte son gaz, selon l'opposition, d'autant que les cours actuels sont 12 fois plus élevés que le prix payé par Israël. Pour l'opposition, elle s'interroge : dans le contexte de tuerie des gaz ouïs par les Israéliens depuis trois semaines, cet accord conclu avec Israël s'apparente à la traîtrise. Le gaz naturel égyptien est acheminé à l'aide d'un pipeline depuis la ville d'El Arich, dans le nord du Sinaï, près de la frontière avec Gaza, jusqu'au port israélien d'Ashkelon, au nord de l'enclave palestinienne. L'affaire avait été introduite en justice et la Cour suprême administrative égyptienne a confirmé le jugement, déjà rendu, contraignant le gouvernement égyptien à stopper les exportations de gaz vers Israël. Les militants de la société civile et de l'opposition sous le slogan “Non au revers du gaz” ont menacé, lors de rassemblements de soutien aux Gazaouis, très réprimés, par ailleurs, de saboter ces pipelines si le gouvernement égyptien n'exécute pas les décisions de justice. Le porte-parole officiel de la campagne de protestation, Saïd Mohamed Anouar Sadate, a déclaré à Al-Jazeera que “la jeunesse égyptienne est en colère contre les massacres à Gaza”, le neveu du raïs égyptien Anouar Sadate, président ayant signé un accord de paix avec Israël en 1979, a mis en garde Moubarak contre le refus de la volonté populaire égyptienne de rompre les liens avec Israël. Qandil, un chef de file de l'opposition “Kefaya” (ça suffit), a lui aussi affirmé que la colère et le désespoir de la population peuvent pousser à des réactions violentes, telle la destruction des pipelines qui transportent le gaz vers Israël, et peuvent s'étendre aux institutions de l'Etat. L'accord gazier israélo-égyptien a provoqué de vives manifestations et de larges critiques, qui ont incité un grand nombre de parlementaires, parmi eux des députés du parti au pouvoir, à protester contre leur gouvernement. D. B.