La Haute Cour administrative égyptienne a décidé, la semaine dernière, que l'Egypte pouvait continuer à vendre du gaz naturel à Israël, cassant une décision de justice rendue en novembre dernier. La décision dont la presse locale s'est fait l'écho a fait couler beaucoup d'encre et mis l'opposition dans une colère noire. C'est d'ailleurs sur une plainte d'un groupe d'opposants à la normalisation avec Israël qu'un tribunal égyptien avait ordonné la suspension d'un contrat d'approvisionnement de gaz étalé sur quinze ans, mais que cette injonction n'avait pas été appliquée. Le Haut Tribunal se justifie, considérant qu'une telle décision aurait porté atteinte aux «engagements de l'Etat» et à ses accords avec d'autres pays ainsi qu'à sa «souveraineté», rapporte le quotidien pro-gouvernemental Al-Ahram, cité par des agences de presse. Tout en rendant cette décision, qui ne constitue pas une surprise, cette juridiction a cependant indiqué qu'une audition d'un groupe d'experts était fixée au 16 mars prochain. Un des plaignants, Ibrahim Yousri, ancien diplomate, a affirmé dans la presse d'opposition qu'il entendait s'adresser désormais au président Hosni Moubarak pour qu'il stoppe ce contrat. Réussira-t-il à faire aboutir sa doléance ? Peu probable ? Le ministère israélien des Infrastructures s'est félicité dans un communiqué de la décision de la Haute Cour. Nous nous félicitons de la décision de la justice égyptienne, car Israël considère que l'accord gazier avec l'Egypte est d'une importance stratégique, vitale (...) pour l'approvisionnement d'Israël en énergie, a souligné le ministère. Nous sommes certains que l'accord conclu entre les deux parties en 2005 sera appliqué, a ajouté le communiqué. L'accord gazier avec Israël est récent, c'est au printemps 2008 que l'Egypte a commencé à livrer du gaz naturel à Israël conformément à un accord bilatéral signé en 2005 et fortement critiqué par l'opposition égyptienne, islamistes en tête. Ce contrat de 2,5 milliards de dollars porte sur la vente annuelle pe dant 15 ans de 1,7 md de m3 de gaz naturel à la compagnie électrique israélienne (CEI) par un consortium israélo-égyptien, East Mediterranean Gas (EMG). Suivis par le tribunal en novembre, les opposants au contrat avaient plaidé qu'il était illégal, n'ayant pas été voté par le Parlement, et qu'il avait, de plus, été consenti à des prix trop bas. Le gouvernement avait répliqué qu'un débat parlementaire avait bien été organisé, et que le contrat, approuvé officiellement, était d'abord de nature commerciale privée tout en admettant qu'il fallait en renégocier le prix. C'est via un gazoduc sous-marin long de 100 km que ce gaz est acheminé, depuis Al-Arich, dans le nord du Sinaï, près de la bande de Ghaza, jusqu'au port israélien d'Ashkelon, au sud de Tel-Aviv.