La situation semble se décanter au Proche-Orient, les uns et les autres lâchent un peu du lest. Après être arrivés au bout de l'horreur, Israéliens et Palestiniens vont-ils enfin faire place au pragmatisme et laisser leur chance aux solutions négociées? Il y a tout lieu de le croire, ou de l'espérer, face à la nouvelle approche que les uns et les autres semblent décidés à mettre à l'essai, notamment par l'annonce quasi simultanée, encore que non concertée, par Israël du retrait, demain, de son armée des territoires réoccupés dans la bande de Gaza, et celle d'une trêve par les mouvements palestiniens Fatah, Jihad islamique et Hamas. La raison va-t-elle reprendre le pouvoir au Proche-Orient? Cependant, la prudence reste de mise tant Israël a habitué à ne pas toujours honorer ses engagements. Celui annoncé, hier par la radio publique israélienne, citant de «hauts responsables» israéliens, indique que l'armée allait «évacuer à partir de lundi» (demain), les zones réoccupées ces derniers mois dans le nord de la bande de Gaza. Les mêmes sources ajoutent que l'armée se retirera également de Bethléem après l'évacuation de Gaza, sans préciser quand. Toutefois, selon la radio publique israélienne, les Israéliens mettent en garde en soulignant que «si les Palestiniens ne respectent pas leur engagement et n'empêchent pas des attaques et attentats anti-israéliens d'être organisés à partir des secteurs évacués, l'armée israélienne se sentira libre d'agir contre les organisations terroristes». Par ailleurs, les organisations de résistance palestiniennes, le Fatah du président Yasser Arafat, le Hamas du cheikh Ahmed Yassine, et le Jihad islamique de Mohamed Al-Hindi, sont, quant à elles, arrivées à un deal suivant lequel ces trois formations vont observer un cessez-le-feu durant une période de trois mois, période durant laquelle elles s'abstiendront d'attaquer Israël. L'annonce officielle de la trêve, indique-t-on de source proche de ces trois mouvements, ne saurait tarder et sera sans doute faite aujourd'hui ou, au plus tard, demain. Cependant, à l'instar d'Israël, les mouvements palestiniens conditionnent l'arrêt des hostilités par la cessation par Tel-Aviv de toute provocation contre les Palestiniens. Ainsi, Mohamed Al-Hindi du Jihad islamique déclare: «Il est prévu que l'annonce de la trêve soit faite dans les prochaines 24 heures», ajoutant: «Mais cette trêve est assortie de conditions (pour Israël), notamment l'arrêt des assassinats, des incursions, des agressions et des démolitions de maisons ainsi que la libération des détenus.» Annonçant cette trêve, le vieux cheikh Ahmed Yassine, chef spirituel du Hamas, a déclaré, vendredi: «Le Hamas a étudié toutes les facettes de la situation et a décidé de proclamer une trêve dans ses opérations contre Israël.» Après que furent atteintes les cimes de l'horreur dans les territoires palestiniens occupés, il semble qu'il y ait un modus vivendi, une sorte de suspension de violence, entre Palestiniens et Israéliens, propre à permettre enfin de laisser la place à la diplomatie. Ces nouvelles encourageantes en provenance du Proche-Orient interviennent à quelques heures de l'arrivée dans la région de la conseillère présidentielle américaine pour la sécurité nationale, Condoolezza Rice, qui devait rencontrer dans la soirée d'hier à Ariha (Jéricho), le Premier ministre palestinien, Mahmoud Abbas, avant de s'entretenir aujourd'hui avec le chef du gouvernement israélien, Ariel Sharon. Cependant beaucoup d'efforts sont encore à déployer pour donner toute latitude de mise en oeuvre de la «feuille de route», le nouveau plan de paix international.