Vainqueur de justesse en 2000 d'un scrutin controversé, puisqu'il a fallu recompter les voix du Texas, un Etat dont il a été gouverneur et qu'il avait confié à son frère cadet, George Bush avait hérité, de Bill Clinton, un pays respecté, assez prospère et aux finances saines. Il quitte la Maison-Blanche après huit années de pouvoir alors que les Etats-Unis traversent la plus grave crise financière et économique depuis 1929. S'il n'en est pas le premier responsable, il aura contribué au grand plongeon. Bush a poursuivi la dérégulation des marchés et le retrait de l'Etat fédéral de toutes ses fonctions régaliennes. Ses allégements fiscaux consécutifs et, surtout, le coût faramineux de deux guerres, en Afghanistan et en Irak, ont creusé un déficit devenu abyssal. Dix mois après son élection, les attentats du 11 septembre 2001 contre le World Trade Center de New York et le Pentagone à Washington lui permettent de mettre en œuvre sa politique, la plus conservatrice qu'ait connue l'Amérique. Avec George Bush, et il ne s'en est pas caché, le néo-conservatisme se déploie tous azimuts et marque de son sceau toutes les politiques américaines. Ce sera la lutte contre le “terrorisme international” et contre “l'axe du mal”, les “Etats voyous”… Au début, Bush bénéficie du soutien de ses concitoyens et même du reste du monde. Mais cela ne dure pas. Très vite, Bush se révèle un va-t-en-guerre. C'est la guerre en Irak qui le ternit le plus. Décidé à faire ce que son père n'avait pas fait en 1991, tuer Saddam Hussein, le président néo-conservateur n'hésite pas à brandir des preuves fabriquées de la possession d'armes de destruction massive par le dictateur pour envahir l'Irak en 2003 et, cette fois, s'installer dans le pays, au prix de sa destruction. Bush avait dit vouloir y instaurer la démocratie et, du coup, l'étendre à tous les pays arabo-musulmans ! Loin d'apparaître comme un libérateur, Bush devient un occupant. Pour finir, les images dégradantes de détenus humiliés à la prison d'Abou Ghraïb ruinent toute tentative de justification morale de sa guerre. La face cachée de son pouvoir s'égrène alors : tortures, détentions secrètes de suspects, prisons chez des alliés et mise en cage dans le goulag de Guantanamo, de présumés terroristes islamistes. Bush va jusqu'à décréter en urgence le Patriot Act, qui réduit les libertés publiques aux Etats-Unis, comme dans les républiques bananières. Incapable de se démarquer du lobby pro-israélien, le président quitte ses fonctions sans avoir remis Israéliens et Palestiniens sur le chemin de la paix, comme promis par lui-même, un an plus tôt à Annapolis, une banlieue de Washington. Il remet les clefs de la Maison-Blanche alors que Gaza a été rasée. Les Israéliens n'auraient jamais commis leurs forfaitures sans l'approbation de Bush. Hitler n'a pas fait ce qui a été commis dans l'enclave palestinienne. Bush aura aussi fait preuve d'aveuglement, tardant à admettre la réalité du réchauffement climatique. D'ailleurs, Bush n'a même pas compati avec ses concitoyens frappés par l'ouragan Katrina à La Nouvelle-Orléans. Sa passivité devant les ravages d'un ouragan lui a aliéné ses derniers soutiens populaires. À son crédit, il n'aura qu'une action, le plan d'action contre le sida en Afrique, qui donne accès aux traitements antiviraux à plus de deux millions de personnes. Bush s'en va par la petite porte. Au plan symbolique, il aura quitté la Maison-Blanche à bord d'un hélicoptère. Un moyen pour ne pas affronter la population qui le lui rend bien puisqu'elle a envahi Washington pour Obama. D. Bouatta