Exploitant comme prévu l'impopularité de la guerre en Irak et de George Bush, les démocrates ont pris mardi le contrôle de la Chambre des représentants pour la première fois depuis 1994 et reconquis plusieurs sièges de sénateurs peut-être décisifs. Deux ans avant la course à la succession de Bush, les élections à mi-mandat ont vu les démocrates s'emparer d'une trentaine de sièges à la Chambre des représentants, quand quinze leur auraient suffi pour redevenir majoritaires. Au Sénat, dont le tiers des sièges était renouvelé, les jeux sont plus serrés. Des six sièges détenus par les républicains et qu'il leur fallait décrocher pour faire basculer la majorité, les démocrates en ont néanmoins obtenu quatre (Missouri, Pennsylvanie, Ohio et Rhode Island). Dans les deux derniers (Montana et Virginie), leurs candidats sont en tête. Si John Tester l'emporte dans le Montana et Jim Webb en Virginie, la chambre haute tombera également dans l'escarcelle du Parti démocrate. "Je crois que nous allons conserver le contrôle du Sénat", disait pourtant dans la nuit Ken Mehlman, le président du Parti républicain. Il faudra néanmoins attendre, peut-être des semaines, avant de connaître l'issue du scrutin en Virginie: sur 2,3 millions de suffrages exprimés, Webb ne devance que de 7.700 voix le sénateur républicain sortant George Allen et la perspective d'un nouveau décompte semble certaine. En 2000, lors de la première victoire de George Bush, il avait fallu attendre cinq semaines avant de connaître l'issue du vote en Floride, qui avait emporté la décision et porté le candidat républicain à la Maison blanche. En plus des 33 sièges de sénateurs et de la totalité des 435 sièges de la Chambre des représentants, les électeurs devaient aussi renouveler les gouverneurs de 36 Etats. Les démocrates américains ont remporté une majorité des sièges de gouverneurs, s'emparant de six Etats que détenaient les républicains. Cette performance est susceptible de leur conférer un avantage potentiel dans la perspective de l'élection présidentielle de 2008. Trente-six sièges de gouverneurs étaient en jeu dans les élections de mi-mandat, qui renouvelaient par ailleurs les 435 sièges de la Chambre des représentants et le tiers du Sénat. New York, l'Ohio, le Maryland, le Massachusetts, mais aussi le Colorado et l'Arkansas ont basculé dans le camp démocrate, selon les projections des réseaux de télévision. "Nous avons désormais une majorité de 28 (sur 50 Etats)", a déclaré Brian Namey, porte-parole de l'Association des gouverneurs démocrates. Et cette majorité pourrait encore s'accroître compte tenu de l'incertitude entourant une poignée d'Etats. Comme pour les élections au Sénat et à la Chambre des représentants, l'impopularité de Bush, du Congrès à majorité républicaine et de la guerre en Irak a nourri une vague démocrate. Les démocrates ont également conservé les 14 Etats dont ils assuraient déjà le poste de gouverneur (Illinois, Michigan, Pennsylvanie, New Hampshire, Oklahoma, Wyoming, Nouveau-Mexique, Kansas, Wisconsin, Maine, Arizona, Oregon, Tennessee et Iowa). Les républicains conservent pour leur part la Californie, où Arnold Schwarzenegger a résisté à la vague de mécontentement contre l'administration Bush et la majorité sortante. L'ancien acteur avait pris soin de se démarquer du président des Etats-Unis et de recentrer son action politique. La stratégie a payé. Le Texas et la Floride restent également des bastions républicains, de même que la Géorgie, le Nebraska, le Connecticut, le Vermont, le Dakota du Sud, la Caroline du Sud, Hawaï et l'Alabama. Californie, Texas et Floride figurent parmi les quatre Etats les plus peuplés du pays. Leur poids sera donc décisif dans deux ans lorsqu'il s'agira de désigner les grands électeurs chargés d'élire le successeur de George Bush à la Maison blanche. La conquête des postes de gouverneur est capitale pour les partis car les gouverneurs jouent un rôle crucial en matière d'organisation et de collecte de fonds pendant la campagne présidentielle. Les experts estiment qu'un gouverneur populaire peut rapporter plus de deux points de pourcentage à un candidat lors d'une présidentielle. George Bush en a fait l'expérience lors des deux présidentielles qu'il a remportées, et qui s'étaient jouées en Floride en 2000 et en Ohio en 2004. Les deux Etats étaient gérés par les républicains. Le gouverneur de Floride n'était autre que Jeb, le frère du président.