Les républicains ont réussi une double victoire en s'appropriant la Chambre des représentants et le Sénat. Désormais le patron de la Maison-Blanche aura les coudées franches. George Walker Bush pourra, à l'avenir, agir à sa guise. Les démocrates, qui contrôlaient jusque-là le sénat, ne le gêneront plus. Le parti du président sortant, Bill Clinton, ne constitue plus un obstacle sur le chemin de Bush. En effet, avec 225 sièges sur 435 à la chambre des représentants et 50% des sièges du sénat auxquels s'ajoute la voix de Dick Cheney, président de l'institution, le second de Bush, fera pencher la balance en faveur des républicains en cas d'égalité. Il faut remonter à Ronald Reagan (1982) et David Dwight Einsenhower pour trouver des présidents américains républicains disposant de la majorité dans les deux chambres. Côté démocrate, seul Benjamin Franklin a bénéficié d'une situation similaire. D'après les observateurs, l'engagement de Bush dans la campagne électorale a eu un effet positif pour son parti, qui réalise un “doublé” historique. Son implication a renversé la vapeur. D'autres spécialistes estiment que la double défaite des démocrates est due à leur mauvaise stratégie politique. La grosse erreur a été commise surtout dans les sénatoriales au Missouri, avec le maintien de la candidature de Mme Carnahan. Cette dernière, non élue, car elle a succédé à son époux, décédé il y a deux années. Ce siège était considéré comme plus menacé. La victoire au Missouri permet aux républicains de rétablir l'équilibre avec les démocrates au Sénat et d'avoir l'avantage en cas d'égalité avec la voix prépondérante du président de la Chambre, Dick Cheney, l'adjoint de George Bush à la Maison-Blanche. Ce changement d'équilibre constitue un fait historique dans les législatives des mi-mandats présidentiels. Le président américain a donc réussi à faire “de la sécurité nationale, la question dominante dans le pays ces dernières semaines”, a estimé Charles Jones, professeur de sciences politiques et expert à la Brookings Institution. La forte popularité de Bush (60%) a été pour beaucoup dans le succès républicain. “Ce vote en faveur des républicains montre que les Américains, encore traumatisés par le 11 septembre, privilégient un fort leadership présidentiel”, a ajouté Jones. Très timorés, malgré l'entrée dans la campagne électorale du président sortant, Bill Clinton, “les démocrates n'ont pas réussi à développer des thèmes nationaux suffisamment cohérents et puissants sur les difficultés économiques et les questions sociales pour contrebalancer la campagne de M. Bush sur la guerre contre le terrorisme et la sécurité en général”, a affirmé l'analyste américain. La satisfaction de George Bush est double, car outre la victoire de son parti, son frère JEB a été également réélu en Floride. Il y a lieu de signaler aussi le taux de participation appréciable à ces élections. Le président US n'a pas cessé d'appeler ses concitoyens de se rendre aux urnes. Il l'a fait une dernière fois en votant lui-même à Crawford (Texas) en lançant : “J'appelle les gens dans tout le pays à voter.” Son aura a eu raison des démocrates. K. A. Ex-député en prison Il a obtenu 15% des voix • Un ex-député en prison, Jim Traficant, obtient 15% des voix, a mené campagne depuis sa cellule de prison et obtenu 15% des voix lors des législatives de mardi. M. Traficant, ancien représentant démocrate de l'Ohio et personnage haut en couleur, a marqué 18 ans de la vie du Congrès, où il s'est signalé par ses déclarations à l'emporte-pièce, sa banane poivre et sel à la Elvis et ses vêtements en nylon. Il a été condamné fin juillet à huit dans de prison pour corruption, racket et fraude fiscale, une semaine après avoir été destitué par ses pairs de la Chambre des représentants pour avoir violé la déontologie parlementaire. Mais depuis sa prison de Pennsylvanie, Jim Traficant, 61 ans, s'est présenté en tant que candidat indépendant dans l'Ohio (nord-est).