Dans L'image de la femme au Maghreb – un essai dirigé par Khadija Mohsen-Finan (chercheur responsable du programme Maghreb à l'IFRI) –, ce n'est pas la condition de la femme dans cette région qui est abordée, mais plutôt l' image qu'a la société maghrébine d'elle. Toutefois, avant de parler de “l'image de la femme au Maghreb”, il est utile de rappeler que “la question féminine au Maghreb a été appréhendée sous l'angle du statut de la femme et de son rôle dans la société. Elle a été au centre des enjeux politiques de ces pays depuis les indépendances (…)”. Cependant, au-delà de cet “aspect politique”, il est intéressant de comprendre l'évolution de la condition féminine en Algérie, au Maroc et en Tunisie, car cette compréhension est plus que déterminante. Elle permet de mieux cerner “les mutations en cours” dans les sociétés maghrébines. Car, comme l'écrit Khadija Mohsen-Finan dans son introduction, “depuis une cinquantaine d'années, les aspirations des femmes, leur image et leur place dans la société ont évolué (…)” Et en participant activement dans les guerres de Libération, la plupart d'entre elles aspiraient à changer leur quotidien, mais surtout à bénéficier de davantage de considération et de reconnaissance. Et le déclic a été l'Europe, précisément la France. Plus tard, vers la fin des années 1980-début des années 1990, le regard a changé d'orientation. Il a été dirigé vers l'Orient. Dans cette envie de changement, l'image a joué un grand rôle. La télévision a montré, grâce ou à cause des films, Femmes venues d'Egypte émancipées se jouant des hommes (…). Et avec la multiplicité des chaînes satellitaires, d'autres images de femmes sont déversées : des femmes fortes de caractère, politiciennes, businesswomen. Certes des femmes émancipées, mais souvent voilées. Et c'est précisément autour de l'image et de la représentation que cet essai a été structuré et ce, à travers quatre regards différents. Deux regards féminins et deux autres masculins. Le premier est de Ghania Mouffok (journaliste algérienne) qui aborde la femme algérienne vue selon la presse écrite. Le deuxième est de la journaliste et écrivaine franco-marocaine Zakya Daoud qui pense que la prégnance féminine s'est banalisée dans les médias marocains. Le troisième regard appartient à Hédi Khélil (critique cinématographique tunisien) qui aborde la manière dont l'histoire des femmes est racontée par les films de son pays. Enfin, le quatrième et dernier regard est celui de Pierre Vermeren (maître de conférences et historien du Maghreb) pour qui la promotion des femmes constitue le changement le plus important qu'ait connu le Maghreb post-colonial. Toutefois, une question se pose : les images et représentations abordées et analysées dans cet ouvrage renvoient-elles à des images construites ou à la réalité ? Amine IDJER L'image de la femme au Maghreb, une étude méditerranéenne, coéditions Actes Sud/Barzakh, 2008, 600 DA