La ville de Batna n'arrête pas de dévoiler ses secrets. Dernièrement, une affaire a vu le jour à travers des forums de discussion dédiés à cette ville, il s'agit de la maison de l'écrivaine suisse, d'origine russe, Isabelle Eberhardt. Un patrimoine culturel menacé de péril. Durant le temps où des Européennes orientalistes ont été séduites et éprises par le charme du désert d'Orient, celle-ci en particulier s'est vu fondre dans les terres algériennes et elle a vécu, malgré sa courte vie, puisque décédée à l'âge de 27 ans, dans plusieurs villes de notre pays, du nord au sud, en passant par la capitale des Aurès. Elle est arrivée à Batna en 1889 et habita au village Nègre (l'actuel quartier de Zmala). D'après sa biographie, Isabelle Eberhardt, à laquelle on a consacré un musée en Suisse et un autre en Angleterre, est une écrivaine suisse d'origine russe et française de par son mariage. Elle est née un certain 17 février 1877 à Genève et elle est morte le 21 octobre 1904 à Aïn-Sefra en Algérie. À 20 ans, elle s'installe à Bône (Annaba) où elle découvre un pays, une culture, une religion, l'Islam, qui vont l'imprégner totalement, elle s'est même convertie à la religion musulmane. Après la mort de sa mère, elle vivra plusieurs mois en nomade à El-Oued avant de rencontrer Slimane Ehnni, musulman de nationalité française et sous-officier de spahi, elle l'épouse en 1901 et obtient ainsi la nationalité française. Son mariage lui permet de pouvoir revenir en Algérie de laquelle elle a été expulsée après avoir été agressée par une confrérie soufie à El-Oued et de devenir collaboratrice au journal arabophone Akhbar, puisqu'elle écrivait normalement dans trois langues, le français, le russe et l'arabe. C'est à travers ce journal qu'elle se trouve à Aïn Sefra pour témoigner des troubles près de la frontière marocaine. Le 25 octobre 1904, elle trouve la mort dans l'inondation d'Aïn Sefra. Elle fut emportée par les crues de l'oued, elle a 27 ans. Elle repose toujours à Aïn Sefra. Ses écrits ont été publiés après sa mort, ils représentent le quotidien de la société algérienne, des autochtones, au temps de la colonisation française. Une société au sein de laquelle, elle mène une vie de nomade se cachant derrière le personnage du bédouin Mahmoud Saâdi. En se faisant passer pour un homme, elle réussit à entrer dans tous les cercles où les femmes n'étaient pas admises, ce qui facilite aussi son travail de journaliste. Ses carnets de voyages et ses journaliers rassemblent ses impressions de voyage nomade. Ses œuvres représentent pour nous, Algériens, des documents historiques qui racontent notre passé, d'un point de vue presque unique, qui marie Européens et indigènes. La vie à travers la simplicité dans toute sa beauté, “nos mariages, nos amours, nos fêtes, le marché, l'adolescence, la misère, les problèmes, la sorcellerie, la naissance, la mort, la joie”. Avec tout ce que représente une telle femme, des ignorants, c'est du moins ce qu'on peut dire dans ce cas, tentent d'effacer toute empreinte qu'avait laissée cette personne sur nos terres. Il ne suffit pas qu'une majorité des générations nouvelles ne sait même pas qu'elle a existé et a vécu parmi nous, on tente en plus de détruire tout ce qu'il reste d'elle chez nous, sa maison.On apprend que la maison d'Isabelle Eberhardt, qui se tient toujours à Batna, malgré l'oubli, est convoitée par des personnes qui veulent la détruire et en faire un dépotoir. Cela arrive dans l'absence totale des autorités locales concernées, même au niveau de la direction de la culture de la wilaya, on ne sait pas qu'un tel bijou existe. F. Lamia