La radio de Batna a été lancée un certain 29 décembre 1994. Progressivement, le volume horaire de 4 heures par jour est passé à 8 heures pour devenir, en 2006, 12 heures par jour. Depuis l'été 2007, elle diffuse ses programmes de l'aube jusqu'à minuit. À ses débuts, elle a marqué un grand succès. Ouvrir sa radio le matin pour écouter la voix des Aurès devenait un geste banal dans le quotidien des habitants de la région. La première raison qui a poussé à la création d'une radio régionale dans les Aurès est de soutenir le tamazight, dans son dialecte le chaoui, et lui donner un espace d'expression. Un espace d'expression qui a été partagé avec l'arabe, lui aussi largement parlé dans les régions des Aurès et le Ziban. Être journaliste ou animateur à la radio de Batna nécessite la maîtrise de l'arabe, certes, mais surtout du Chaoui. Même le nouveau directeur de la radio de Batna, Yazid Ben Hamouda, venu de Skikda, commence à parler chaoui. Chose accueillie avec beaucoup d'humour par les habitants de Batna. En parlant de chaoui en particulier et de culturel en général, certains auditeurs de la radio locale de Batna trouvent que le volume horaire consacré à des émissions en chaoui est insuffisant. “Certes, on apprécie les variétés des parlers et dialectes dont usent les animateurs et animatrices, venus chacun d'une région des Aurès, mais on aimerait qu'il y ait plus d'émissions pédagogiques qui traitent des origines des mots, de leurs significations et même qui assainissent le chaoui des mots arabes et français”, dira un fidèle de la radio. Ainsi, pour une fonctionnaire de l'APC de Batna, “C'est bien d'entendre un responsable nous dicter la liste des projets consacrés à son secteur, mais on veut aussi connaître le train de réalisation, l'usage des structures une fois achevées”. Pourtant, on peut dire que la radio de Batna décroche le prix d'or en actions de proximité. C'est grâce à sa politique de redéploiement dans les différentes communes, même les plus isolées, en recourant, de plus en plus, à des correspondants issus des localités en question. Au niveau social et médical, un satisfecit est affiché un peu partout. En effet, la radio de Batna propose nombre d'émissions qui traitent des sujets sociaux, parfois délicats. La présence de spécialistes dans les studios donne plus de crédibilité aux émissions qu'on ressent à travers la forte participation des citoyens qui n'hésitent pas à exposer leurs problèmes, parfois les plus intimes. Malgré cela, on est loin de l'unanimisme et tant mieux. Des auditeurs, surtout des jeunes, qui affichent leurs préférences pour les radios locales de Sétif et de Biskra, pensent que la radio locale de Batna reste loin de leurs attentes. “Ils doivent inviter des gens plus intéressants, en faire des portraits, des exemples de la réussite, des artistes, des cadres universitaires, des journalistes, des photographes, des hommes d'affaires, des agriculteurs. Des gens qui donnent de l'espoir à une jeunesse de plus en plus déprimée”, dira un étudiant au département d'architecture à l'université de Batna. “Des gens qui ont vraiment réussi dans la vie. On en a marre d'entendre les amis des animateurs à chaque fois, les mêmes invités qui ne font que répéter les mêmes mots, au point où on sent que certains artistes locaux sont exclus d'antenne pour des raisons qu'on ne comprend pas”, précise un ami à lui. Le vide laissé par l'émission Studio-Echabab n'est toujours pas comblé. On a reproché à radio Batna la “pauvreté” de sa bibliothèque musicale qui n'est pas mise à jour. Il y a aussi des espaces consacrés à la fille, la mère et l'enfant. Des émissions très prisées par la gent féminine qui ont fait de radio Batna un média féminin par excellence. F. Lamia.