Des médecins chômeurs subvenant à leurs besoins grâce aux dispositifs de réinsertion sociale, 6 ans après avoir décroché leur doctorat, est une réalité. Elle devient amère quand les modalités de “sauvetage” des plus chanceux parmi eux ne fait pas l'unanimité du reste de la cohorte. Ainsi, le concours de recrutement de médecins organisé le 13 décembre dernier et dont les résultats ont été rendus publics tout récemment a fait beaucoup de mécontents à Mila, notamment au sein des médecins des promotions de 2003, 2004, 2005, 2006 et 2007, recalés pour la plupart au concours. Dans une lettre adressée à notre bureau, revêtue des cachets de 4 médecins, les concernés dénoncent les modalités d'évaluation adoptées pour départager les concurrents. Ils trouvent absurde, par exemple, d'accorder 10 points pour la moyenne obtenue durant le 2° semestre de la 6° année universitaire (dite moyenne du cursus dans le jargon universitaire). Les rédacteurs du document en référence font savoir que les examens subis à la fin de la 6e année ne sont pas du même genre. Ils expliquent que pour la promotion de 2008, l'examen a été présenté sous forme de simples Q.C.M. (questions à choix multiples) ce qui a permis aux médecins de ladite promo d'obtenir d'excellentes moyennes à la faculté et, par ricochet, rafler la mise au concours. Ils précisent, d'autre part, que les examens de fin de cycle subis par les promotions antérieures (de 2003 à 2007) étaient plutôt des travaux de synthèse. Aussi les auteurs de la lettre demandent-ils de revoir ce point précis de la grille d'évaluation pour plus d'équité. Par ailleurs, ils appellent les organisateurs du concours à accorder plus d'importance à l'expérience professionnelle, en révélant dans leur correspondance qu'ils exercent dans le secteur de la santé depuis des années, pour certains, dans le cadre des contrats de pré-emploi (CPE), expliquant que les médecins généralistes ayant exercé durant deux ans dans le cadre des CPE n'obtiennent que deux points. Aussi, interpellent-ils le ministre de la Santé à revoir tous ces indices d'évaluation et à accorder une importance autrement plus grande aux gens qui ont servi le secteur en contractuels. Signalons que la wilaya de Mila a bénéficié de 55 postes de médecins généralistes pour l'année 2008, recrutés par voie de concours, comme il est souligné plus haut. Les temps ont changé, du moins pour la région nord du pays. Décroché son diplôme de médecin généraliste n'est plus l'ultime pas vers la réussite sociale mais le début d'une longue vie …de chômeur. La situation est si grave que des cohortes de médecins algériens émargent toujours dans les différents dispositifs d'assistance sociale. Ce sont les politiques de formation médicale et de carte sanitaire qui sont à adapter pour prendre en charge cette situation. K. Bouabdellah